Pour les automobilistes, le temps des Fêtes rime avec barrages routiers et alcootests. Mais l'alcool n'est pas en cause seulement dans les fausses manoeuvres des conducteurs. Une forte proportion des piétons qui meurent dans les accidents de la route avaient auparavant consommé beaucoup d'alcool.

Aux États-Unis, une étude avait même établi en 2005 que le jour de l'An arrivait au premier rang des jours les plus funestes pour les piétons, justement parce que plusieurs d'entre eux boivent trop et ne regardent pas avant de traverser la rue. Une étude de 2001 de Transports Canada a calculé que 22% à 30% des piétons qui meurent dans un accident routier au pays ont un taux d'alcoolémie supérieur à 0,15, soit deux fois la limite permise (seulement 247 piétons sur 334 avaient subi un test d'alcoolémie).

 

Au Service de police de la Ville de Montréal, on ne rapporte aucune mort à la Saint-Sylvestre entre 1999 et 2008. Mais les morts de piétons étant statistiquement plus rares à Montréal comparativement aux États-Unis, il est possible qu'il faille considérer un intervalle de temps plus long pour observer ce phénomène. L'étude américaine de 2005 montrait que le nombre de piétons qui meurent le 1er janvier est deux fois plus important que la moyenne aux États-Unis.

«La proportion élevée de piétons qui meurent dans un accident routier alors qu'ils sont trop ivres pour pouvoir conduire montre qu'il existe probablement un seuil minimum de morts de piétons qu'il sera difficile de franchir», explique l'auteure de l'étude de 2005, Anne McCartt, de l'Insurance Institute for Highway Safety. «Il existe des lois contre l'ébriété chez les piétons, mais elles concernent davantage la quiétude publique. Il est difficile d'imaginer un régime de sanctions contre ce comportement, quoi qu'on pourrait les justifier par les coûts que représentent pour la société les accidents de piétons.»

Au-delà de l'alcool, l'hiver est funeste pour les piétons. Les 10 jours pendant lesquels le plus de piétons sont morts dans un accident routier aux États-Unis entre 1986 et 2004 se trouvent entre octobre et février. Le deuxième jour où meurent le plus de piétons est le 31 octobre, quand des centaines de milliers d'enfants envahissent les rues pour l'Halloween.

Problème plus masculin?

Au Canada, l'organisme Mothers Against Drunk Driving (MADD) a inclus un chapitre sur l'ébriété chez les piétons dans son dernier rapport annuel. On y lit que bon an, mal an, de 40% à 50% des piétons morts dans un accident routier avaient consommé de l'alcool. Plus de la moitié de ces piétons ayant consommé de l'alcool avaient un taux d'alcoolémie supérieur à 0,15. Le problème est surtout masculin: seulement 59% des piétons morts dans un accident routier étaient des hommes, mais ils constituaient 78% de ceux qui avaient bu et 77% de ceux qui avaient un taux d'alcoolémie supérieur à 0,08.