Des joueurs professionnels de la Ligue nationale de hockey comme Marty McSorley et Todd Bertuzzi ont écopé de sentences clémentes pour des gestes violents commis durant un match. Or, un adolescent accusé du même crime ne peut pas être puni plus sévèrement qu'un adulte. Pour avoir asséné un coup de bâton au visage d'un adversaire qui refusait de se battre, un ex-joueur de la Ligue de hockey junior majeur du Québec a ainsi reçu une absolution en guise de peine, hier, en chambre de la jeunesse de Montréal.

Ce jeune, aujourd'hui âgé de 18 ans, s'évite ainsi un casier judiciaire qui aurait pu lui causer des ennuis dans la poursuite de son rêve de devenir acteur. Il a cessé de jouer au hockey la saison dernière.

 

Au terme de son procès, ce jeune - mineur au moment des faits - a été reconnu coupable de voies de fait armées. Un coup «excessif» et «dangereux», «suffisamment grave pour être considéré criminel», avait précisé le juge Jacques A. Nadeau dans son jugement de septembre dernier.

Au moment du prononcé de la sentence, hier, le juge Nadeau a énuméré quelques cas célèbres de hockeyeurs professionnels qui se sont retrouvés devant les tribunaux. Pour avoir donné un coup de bâton à la tête de Donald Brashear des Canucks de Vancouver, Marty McSorley, des Bruins de Boston, a été reconnu coupable de voies de fait armées et a écopé d'une absolution conditionnelle. L'une de ses conditions à respecter était de ne pas jouer au hockey contre sa victime durant une période de 18 mois.

Pour avoir asséné un violent coup de poing à la tête de Steve Moore, de l'Avalanche du Colorado, Todd Bertuzzi, des Canucks de Vancouver, a été reconnu coupable de voies de fait causant des blessures et a également écopé d'une absolution conditionnelle. Alors que sa victime a subi des fractures aux vertèbres cervicales et une commotion cérébrale - blessures qui ont mis fin à sa carrière -, Bertuzzi, lui, a été suspendu pour le reste de la saison et a dû faire 80 heures de travaux communautaires.

Il ne devrait pas y avoir une «justice parallèle» pour les joueurs de hockey, a indiqué le juge Nadeau, en accord avec les arguments de la Couronne. Mais du même souffle, le magistrat a indiqué être lié à la jurisprudence. «La Cour ne croit pas qu'une personne raisonnable trouvera qu'une absolution inconditionnelle est contraire à l'intérêt public, considérant le fait que plusieurs joueurs de hockey professionnels adultes ont reçu des absolutions», a souligné le juge.

Les procureurs de la Couronne, Mes Ellen Baulne et Mario Giroux, se sont dits satisfaits de la sentence. Les avocats du jeune hockeyeur, eux, remettent toujours en question les raisons pour lesquelles leur client a été accusé. «Mon client n'est pas quelqu'un qui avait besoin d'être réhabilité. C'est l'essence du jugement. C'est un geste isolé, malheureux. Ça s'est rendu devant les tribunaux, on peut se demander pourquoi, mais c'est à la discrétion du procureur général», a expliqué aux médias Me Steve Magnan, qui défendait l'accusé avec Me Richard Shadley.

À leurs yeux, leur client est «victime d'un système» dans lequel des accidents peuvent survenir puisque «des gens paient pour venir voir un hockey viril avec beaucoup d'action».

Ce n'est pas l'avis du père de la victime, dont les médias doivent aussi taire l'identité. «Mon fils a porté plainte parce qu'il aime jouer au hockey. Ce n'est pas parce que tu joues au hockey que tu peux faire ce que tu veux sur la glace. J'espère que cette cause servira d'exemple», a-t-il souligné. Son fils joue toujours dans la LHJMQ tout en poursuivant des études à l'université. Il éprouve encore une sensibilité aux dents et sa mâchoire craque depuis qu'il a reçu ce coup de bâton au visage.

Le commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau, a refusé de parler aux journalistes hier. «La Ligue de hockey junior majeur du Québec a pris l'engagement d'offrir à ses joueurs un environnement sain et sécuritaire. La LHJMQ possède une structure disciplinaire vigilante qui est en mesure d'imposer des sanctions disciplinaires sévères et efficaces de façon à décourager les comportements désobligeants», s'est-il contenté de dire par voie de communiqué. Rappelons qu'un autre joueur de cette ligue, Jonathan Roy, a aussi obtenu une absolution inconditionnelle après avoir plaidé coupable de s'être livré à des voies de fait sur son adversaire, le gardien de but Bobby Nadeau, lors d'un match en mars 2008.