Tandis que les taux de criminalité descendent au Canada, les taux d'incarcération suivent le chemin inverse.

Une étude de Statistique Canada publiée hier démontre en effet que le taux d'incarcération est en hausse constante pour la quatrième année consécutive. Or, dans un rapport publié l'été dernier, l'organisme fédéral a rapporté que le taux de criminalité avait baissé pour la cinquième année consécutive en 2008 et qu'il était à son plus bas niveau depuis 30 ans.

L'étude publiée hier, qui porte sur les données de 2008-2009, indique que le taux d'incarcération a augmenté de 1% au Canada, une quatrième augmentation en autant d'années. «Ces quatre hausses ont fait suite à une décennie de baisses soutenues attribuables à un recul du nombre de jeunes contrevenants et de contrevenants fédéraux en détention», peut-on lire dans le document.

 

Le taux d'incarcération augmente depuis 2003-2004, où il se situait à 108 personnes par tranche de 100 000. Il est maintenant à 118, pour un total de 39 323 détenus. Le taux actuel n'égale pas celui enregistré en 1997-1998, qui était de 126.

Cette étude est publiée au moment même où de plus en plus de voix se font entendre au pays pour dénoncer la réforme à la pièce du système de justice pénale par le gouvernement Harper - et pour réclamer une réflexion plus large. À l'heure actuelle, le gouvernement conservateur a devant le Parlement plus d'une dizaine de projets de loi qui visent à apporter, de près ou de loin, des modifications au système de justice pénale.

Il y a deux semaines dans le Globe and Mail, deux juges ontariens et des experts ont critiqué l'approche politique mise de l'avant par le gouvernement Harper dans ce dossier depuis son arrivée au pouvoir en 2006 et les impacts sur les taux d'incarcération, notamment sur l'incarcération provisoire.

Pas de contradiction

Au cours d'un entretien avec La Presse, hier, le député conservateur Daniel Petit a dit ne pas voir de contradiction entre ces différentes données de Statistique Canada. «Tout le monde est d'accord pour dire qu'il peut y avoir des baisses, dans l'ensemble», a convenu l'avocat, l'un des porte-parole du gouvernement sur les questions criminelles.

«C'est ça: quand tu hausses l'incarcération, tu baisses les crimes», a-t-il conclu.

Au moins une question demeure, cependant: combien de détenus supplémentaires seront incarcérés si tous ces projets de loi sont adoptés? Service correctionnel Canada a refusé de dévoiler ses chiffres à cet égard.

«Nous estimons que notre capacité est suffisante à court et moyen terme pour accommoder les besoins des projets de loi actuellement devant la Chambre des communes, a tranché une porte-parole, Caroline McNicoll. Cela dit, nous n'avons pas de chiffres précis à ce moment-ci puisque le processus d'évaluation détaillé de l'impact de ces projets de loi suit son cours.»