Coup de théâtre au procès de Marchath Marseilles: Michel (non fictif), le troisième et dernier témoin oculaire allégué du meurtre du jeune David Mutunzi, a perdu l'esprit, au point où il est incapable de témoigner.

C'est ce que le jury a appris, en après-midi, hier, alors que le témoignage de Michel devait s'enclencher. Selon la preuve produite jusqu'ici, c'est dans l'appartement de Michel, sur la rue Forest à Montréal-Nord, que le meurtre s'est produit, le 24 novembre 2007. Michel serait resté quelques minutes dans le logement, après que le jeune Mutunzi se soit fait tirer dans le front par le tueur allégué, Marchath Marseilles. Les deux autres témoins, Rachid et Simon (frère de Michel), qui ont déjà témoigné, affirment avoir pris la fuite immédiatement après le coup de feu.

Vu la situation particulière, le juge James Brunton a consenti à ce que le témoignage rendu par Michel à l'enquête préliminaire, en août 2008, soit présenté au jury. Cette écoute commencera ce matin. En ce qui concerne l'état mental de Michel, les jurés ont pu entendre la psychiatre, Anne-Marie Rousseau, ainsi que le procureur de la Couronne Jacques Dagenais, résumer la situation, hier. Ce résumé a fait l'objet d'une admission de la part de l'avocat de la défense, Normand Boudrault.

Il marchait sur les rails du métro

Le 10 novembre dernier, lors d'une rencontre avec le procureur de la Couronne et les enquêteurs en vue du procès, Michel était courtois, lucide et coopératif. Mais six jours plus tard, dans la soirée, il a été intercepté alors qu'il marchait sur les rails du métro, et qu'il avait déjà parcouru les trois quart de la distance entre la station de la Savane et Namur. Il voulait se rendre à Haïti de cette manière, disait-il. Il a été transporté à l'hôpital et traité en psychiatrie. Comme il semblait aller mieux, il a pu partir deux jours plus tard. Mais voilà, le 18 novembre, les policiers le cueillaient alors qu'il priait à genoux sur la voie publique. Le 25 novembre, c'est à l'aéroport Pierre-Elliot Trudeau qu'on le retrouvait errant. Il s'y trouvait depuis trois jours, sans argent, sans billet, se prenant pour Jésus-Christ et disant vouloir retourner en Haïti pour se guérir d'un sort vaudou que quelqu'un lui avait jeté. Il criait et disait vouloir se faire tuer par la police. Très agité, il a mordu un policier et il a fallu l'attacher à l'hôpital.

Dimanche dernier, il a fugué de l'hôpital, et a laissé plusieurs messages confus à un des enquêteurs du dossier, pour dire qu'il n'était pas fou, et qu'il voulait témoigner. Lundi, les policiers trouvaient Michel chez son frère Simon. Il criait, gesticulait, disait des mots incompréhensibles, avait du riz dans les cheveux et avait mis son manteau à l'envers. Les enquêteurs l'ont amené à l'hôpital. Le diagnostic pour l'instant en est un de «état psychotique altéré.» Selon la Dr Rousseau, Michel avait fait un premier épisode psychotique en septembre 2008. Il avait été interné une douzaine de jours, mais avait refusé les médicaments et tout s'ensuivit par la suite.

NDLR : Michel, Simon et Rachid sont des noms fictifs, car la Cour nous interdit de dévoiler leur véritable identité.