Brandon Pardi et son ami d'âge mineur roulaient tous deux au dessus de la vitesse permise dans leur véhicule respectif. Ils ont tous les deux omis leur arrêt obligatoire avant d'entrer en collision et de finir leur course sur un terrain privé où jouait la petite Bianca Leduc, le 31 octobre 2007, à Notre-Dame-de-L'Île-Perrot.

Ce sont les conclusions que l'expert en reconstitution d'accidents de la SQ Charles Béliveau a livrées, lundi, à l'enquête préliminaire de Brandon Pardi. Signalons tout de suite qu'au terme de l'exercice, en fin de journée, Pardi, âgé de 20 ans, a été cité à procès. Il est accusé de conduite dangereuse et de négligence criminelle ayant causé la mort de la petite Bianca.

Alors qu'elle jouait dehors chez sa gardienne, vers 13h15, le 31 octobre 2007, la fillette de 3 ans a été fauchée par la Golf grise que conduisait Pardi. Ce dernier avait perdu la maîtrise de son véhicule après avoir accroché la Sunfire noire que conduisait son ami de 17 ans, dont on ne peut dévoiler l'identité. L'accrochage est survenu au coin des rues Des Érables et Giffard, où il y a un arrêt obligatoire.

Le jeune conducteur de la Sunfire affirme qu'il a fait son arrêt obligatoire avant de se faire percuter par la voiture de Pardi, ce que corroborent deux témoins. Mais l'expert Béliveau est persuadé du contraire. Les preuves physiques démontrent qu'il ne l'a pas fait, dit-il. «Ce n'est pas anormal que les déclarations des témoins ne correspondent pas aux preuves physiques», a-t-il précisé, insinuant que les preuves physiques sont irréfutables. L'avocat de Pardi, Me Pierre Joyal, s'est employé à démontrer que l'expert n'avait que quelques mois d'expérience en reconstitution d'accidents lorsqu'il a fait son analyse et qu'il s'était fait une idée très rapidement en arrivant sur les lieux. L'avocat a laissé entendre que M. Béliveau avait par la suite balayé les témoignages qui ne correspondaient pas à l'idée qu'il s'était faite de l'accident.

«On ne réinvente pas la loi de Newton en reconstituant des accidents», s'est défendu l'expert. Il a aussi signalé que la scène de cette collision n'était pas très complexe. L'endroit était dégagé, dans un quartier résidentiel, le temps était ensoleillé, la chaussée sèche, le lieu de l'impact était évident et les deux voitures se trouvaient toujours là où elles avaient fini leur course. Le quartier était abondamment pourvu de panneaux indiquant que la limite de vitesse était de 30km/h. La scène était claire. Si claire qu'il peut dire que Pardi roulait au minimum à 72km/h lors de l'impact, alors que son ami roulait à 38km/h. Le premier a fait un vol plané après avoir rebondi sur une bordure en ciment, pour finir dans la cour où jouait l'enfant. Les marques sur le corps de la petite démontrent qu'elle a été heurtée par le phare droit de la Golf. Elle a ensuite été traînée sous la voiture jusque sur le patio de ciment. L'enfant a perdu ses chaussures lors de l'impact. Comme 30% des piétons qui se font heurter, «les chaussures sont restées dans un périmètre défini», a précisé l'expert.

La Sunfire, elle, a abouti dans un arbre, sur le terrain de la gardienne, Jacynthe Bégin. Cette dernière a rendu un témoignage très émotif. Après la collision, elle cherchait désespérément l'enfant. C'est un voisin qui, en déplaçant des bouts de bois près de la Golf, a vu dépasser un petit pied.

Ce récit était bien pénible à entendre pour Nadine Leduc, mère de la petite Bianca. Mais la jeune femme tient à savoir exactement ce qui s'est passé. Le jeune accusé a lui aussi revécu de pénibles moments et n'a pu s'empêcher de verser des larmes lui aussi. Malheureuse coïncidence, le jour fatidique, il fêtait ses 18 ans. Il n'avait qu'un permis probatoire.

Les parties se reverront le 25 janvier pour fixer la date du procès. Soulignons que le garçon qui était d'âge mineur lors de l'accident subira lui aussi un procès, mais devant le Tribunal de la jeunesse.