Un trafiquant de drogue du quartier Saint-Michel considéré comme le numéro 2 du gang de la 47e Rue, Hervé Lamarre, sera expulsé vers Haïti.

L'homme de 30 ans est surnommé «Papouche» ou «Don P» dans le milieu criminel. La police de Montréal le relie au gang d'allégeance bleue. Ce gang contrôlait la vente de crack dans le quartier Saint-Michel, y compris le secteur de la 47e Rue (d'où le nom du gang), jusqu'à son démantèlement en 2006.

 

À l'issue de son procès en 2008, Lamarre a été reconnu coupable de trafic de cocaïne, complot, usage négligent d'une arme à feu et port d'arme dans un dessein dangereux. Au procès, Lamarre a été décrit comme le bras droit de Josué Bernard, chef du gang de la 47e Rue, aussi arrêté dans la même opération policière.

Des policiers ont trouvé chez Lamarre des munitions, des photos de membres des Bleus (ou Crips), en plus d'une «grille dentaire», sorte de prothèse en or ou en platine populaire auprès des gangsters américains. Au moment de son arrestation, il n'avait pas d'antécédents judiciaires.

Lamarre a écopé d'une peine de trois ans et trois mois de pénitencier, mais il n'aura passé que six mois derrière les barreaux. En effet, il a obtenu une semi-liberté au sixième de sa peine. Un commissaire de la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC) a alors jugé qu'il n'avait «aucune propension à la violence».

«Bien que vous ayez été condamné pour possession d'arme et entreposage négligent d'une arme, il s'agissait de munitions d'arme à feu. Vous indiquez à cet effet que vous aviez exposé comme bibelots chez vous ces munitions. Il n'y a aucune information des autorités que vous auriez eu la possession ou fait l'utilisation d'arme à feu», a écrit ce commissaire en février dernier pour expliquer sa décision. De plus, les délits ayant entraîné sa condamnation «ne comportent pas de violence», a précisé le commissaire.

Cette semi-liberté aura toutefois été de courte durée. Comme Lamarre n'a pas sa citoyenneté canadienne, l'Agence des services frontaliers du Canada a émis une mesure d'expulsion contre lui sans recours d'appel en août dernier. Dans ces circonstances, la CNLC doit remettre le délinquant entre les mains de l'Agence. «Votre semi-liberté devient caduque», explique la CNLC à Hervé Lamarre dans sa décision rendue ce mois-ci.

Le trafiquant continue de nier son appartenance à un gang de rue, a également noté la CNLC. C'est à l'Agence des services frontaliers de décider de la date de son renvoi vers son pays d'origine, Haïti. De 25 à 40 criminels originaires de ce pays pauvre des Antilles sont renvoyés du Canada chaque année.