Même si sa longue incarcération l'a un peu ramolli, Gerald Matticks devra patienter encore neuf mois et demi avant de retrouver la liberté. Hier, pour la deuxième fois depuis 2007, le vieux caïd du gang de l'Ouest s'est vu refuser une libération conditionnelle.

Matticks purge une peine de 12 ans pour des importations de pleines cargaisons de cocaïne et de haschisch qui transitaient par le port de Montréal, son fief depuis 50 ans.

Âgé de 67 ans, Matticks pensait bien, cette fois, convaincre la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC) de l'envoyer dans une maison de transition, mais il a encore échoué. «Peu importe ce qu'on pourrait m'offrir, que ce soit les Hells Angels ou quiconque, tout cela, c'est fini pour moi», a-t-il dit maintes fois aux commissaires qui l'ont bombardé de questions durant toute l'audience.

«À mon âge, je ne veux plus jamais revenir en prison. Dorénavant, tout ce qui importe, c'est de vivre une vie tranquille avec ma famille, mes petits-enfants et quelques bons amis», a-t-il indiqué d'une voix tremblotante, tout en exhibant une photo des enfants.

Beaucoup plus loquace qu'à son premier passage devant la Commission, Matticks a indiqué avoir compris «tout le mal que la drogue peut faire» dans la société, grâce à un programme de réinsertion sociale auquel il a participé ces deux dernières années. Il a du même coup compris l'importance de son rôle dans le narcotrafic à Montréal. «Je comprends maintenant que j'étais un homme clé», a-t-il lancé, en expliquant qu'il s'était toujours considéré comme un simple intermédiaire auprès des importateurs de drogue.

«J'ai toujours eu la drogue en horreur, mais je ne pensais pas que j'étais un trafiquant. Mon job, c'était de faire bouger les conteneurs, de les sortir du port de Montréal et de m'arranger qu'ils arrivent sans encombre dans un entrepôt déterminé à l'avance», a-t-il relaté candidement. Pour expliquer son importance dans le milieu interlope, il a dit: «J'ai été un bandit toute ma vie et que les autres criminels avaient confiance en moi.» Et, ce qui est loin d'être négligeable dans le monde des contrebandiers de toute sorte, (il contrôlait) «le port de Montréal», a-t-il ajouté d'un même souffle.

«Ce sont eux qui venaient me voir pour me faire des propositions. Si le deal était bon, j'embarquais, et je leur suggérais comment faire pour que l'importation ait de meilleures chances de réussir. Autrement, je refusais de travailler avec eux», a-t-il dit. Depuis son arrestation, il soutient avoir perdu toutes ses illusions. Surtout qu'il a été trahi par deux de ses hommes de confiance, Louis Elias Lekkas et son vieil ami Donald McLean, avec lequel il a investi beaucoup d'argent à Toronto.

Estimant qu'il n'avait pas encore poussé assez loin sa réflexion sur son passé criminel, les commissaires ont jugé préférable de le garder derrière les barreaux. Matticks devrait être libéré automatiquement, le 6 août 2010.