Abdullah Khadr a affirmé qu'il avait été frappé à la tête pendant deux heures après son arrestation au Pakistan et que l'une de ses oreilles avait saigné pendant des semaines à la suite de l'un de ces coups, a raconté jeudi une agente du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).

L'agente, qui ne peut être identifiée que par le prénom de Christine, a déclaré en cour que Khadr lui avait confié qu'il avait été obligé de rester debout pendant de longues périodes, qu'il n'avait pu dormir que quelques heures à la fois et qu'il avait été interrogé à plusieurs reprises par le FBI durant ses 20 premiers jours de détention par les services secrets du Pakistan.

Témoignant derrière un écran qui la dissimulait au public dans la salle d'audience, Christine a indiqué que l'accusé lui avait également révélé qu'un officier pakistanais s'était excusé des mauvais traitements qu'on lui avait fait subir en soutenant que c'était la façon de faire américaine.

Toujours selon les confidences faites par Khadr, les abus ont cessé après son transfert dans des «installations plus luxueuses» au terme de ces 20 premiers jours.

La conversation entre Christine et Khadr s'est déroulée lors du vol de retour au Canada depuis Islamabad en décembre 2005 à la suite de sa libération après 14 mois d'emprisonnement au Pakistan.

Abdullah Khadr se bat actuellement devant la Cour supérieure de l'Ontario pour éviter l'extradition vers les Etats-Unis qui souhaitent le traduire en justice pour de présumées activités terroristes.

Il est le fils de feu Ahmed Said Khadr, un proche d'Osama bin Laden soupçonné d'avoir recueilli de l'argent pour al-Qaïda, et le frère aîné d'Omar Khadr détenu à la prison américaine de Guantanmo Bay.

Selon Khadr, la version des faits qu'il a donnée aux autorités, dans laquelle il s'incrime, devrait être écartée parce qu'il a été torturé durant sa détention au Pakistan.