Cathie Gauthier nie avoir eu l'intention de tuer ses enfants. Selon sa version, le 31 décembre dernier, les enfants et elle-même ont été drogués à leur insu par son mari, Marc Laliberté.

L'accusée a longuement témoigné pour sa défense, hier, au palais de justice de Chicoutimi. Pour l'occasion, la mère de 35 ans avait troqué le veston de cuir noir qu'elle portait depuis le début de son procès contre un chandail rose sous un veston gris pâle.«Avez-vous voulu la mort de vos enfants?» lui a demandé son avocat, Dominic Bouchard. «Non, jamais de la vie, a-t-elle répondu avec un certain aplomb. C'est ce que j'avais de plus précieux au monde. Je vivais juste pour eux autres.»

Cathie Gauthier est la seule survivante du drame qui a coûté la vie à Joëlle, 12 ans, Marc-Ange, 7 ans, Louis-Philippe, 4 ans, ainsi qu'à son mari, Marc Laliberté, 46 ans.

Mme Gauthier a juré que, jusqu'à midi le jour du drame, elle ignorait tout des plans de son mari. Après avoir fait manger les enfants, ce jour-là, son mari les a envoyés jouer au sous-sol. Puis, assis à la table de la cuisine, il a demandé à l'accusée si elle l'aimait. C'est là qu'il lui aurait dit que toute la famille partirait en voyage et ne reviendrait pas. En entendant ces paroles, Cathie Gauthier dit «avoir gelé».

Son mari lui aurait alors dicté des lettres dont elle dit avoir oublié le contenu depuis. «J'avais l'impression d'être sortie de mon corps. Je n'avais plus le contrôle de rien», a dit l'accusée, hier. Elle se souvient toutefois très bien de ce que son mari lui a dit pour la forcer à écrire: «Si tu veux que ça se passe comme il faut, tu fais tout ce que je te demande. Tu t'en tiens à ça.»

Son mari est ensuite sorti, probablement pour poster les lettres, a-t-elle dit. Lorsqu'il est rentré, elle a déchiré deux brouillons devant lui en lui disant que «ça n'avait pas de bon sens». Il n'aurait rien répondu. «Dans son visage, j'ai eu l'impression qu'il me donnait raison et que ça allait être correct. Qu'il n'était pas sérieux. On n'a pas pu s'en reparler.»

Dans un contre-interrogatoire musclé, la procureure de la Couronne, Me Sonia Rouleau, a demandé: «Pour une chose aussi importante que la mort de ses enfants et la sienne, un seul regard a suffi pour dissiper les doutes?» «Ça a l'air», a répondu l'accusée sur un ton cassant qui contrastait avec son ton émotif lors de l'interrogatoire.

Au sujet des documents écrits par l'accusée, la Couronne s'explique mal pourquoi Cathie Gauthier a décidé de léguer ses biens à sa meilleure amie plutôt qu'à ses enfants si elle ignorait que ces derniers allaient être tués. «Pourquoi tout léguer à votre amie?» a demandé Me Sonia Rouleau. «Je n'avais personne à qui léguer mes affaires», a sèchement répondu l'accusée. «À vos enfants, peut-être?» a lancé la procureure sur le même ton. Après une courte hésitation, l'accusée a répliqué: «J'allais dire: normalement, il y aurait eu une partie pour les enfants.»

Soirée pizza et pop-corn

Le soir du 31 décembre, après un «souper pizza», l'accusée a donné le bain aux enfants. Puis, vers 19h, toute la famille s'est installée en pyjama au salon pour regarder un film. Trente minutes plus tard, le père a interrompu le film pour aller préparer les boissons et le pop-corn dans la cuisine. L'accusée, elle, dit être restée au salon. Après la collation, Louis-Philippe s'est rapidement endormi sur le canapé. Marc-Ange, couché par terre avec sa doudou, s'est plaint que ses jambes le chatouillaient. Joëlle s'est étendue dans le fauteuil inclinable. L'accusée a raconté s'être sentie «pesante, fatiguée». «Après ça, plus rien. Je ne me souviens plus de rien», a-t-elle indiqué en pleurant.

Cathie Gauthier s'est réveillée plus tard dans son lit, le «bras droit pendant dans le vide». Il faisait jour. Les enfants étaient couchés à ses côtés, inertes. Elle avait froid. Elle s'est fait couler un bain chaud, puis s'est rendormie. «Je me suis réveillée dans le bain. Il faisait noir», a-t-elle raconté. Elle a appelé les secours peu avant minuit le 1er janvier. Les ambulanciers sont arrivés 9 minutes 50 secondes plus tard. Ils n'ont rien pu faire pour les trois enfants ni pour Marc Laliberté.