Bobby Nadeau a accueilli sans trop d'états d'âme la reconnaissance de culpabilité et l'absolution inconditionnelle de Jonathan Roy. Pour les jeunes de sa génération, le hockey, ça se passe sur la glace et, selon lui, tant qu'il n'y aura pas consensus pour changer cela, les joueurs ne devraient pas risquer de se retrouver devant les tribunaux.

«Je suis vraiment passé à autre chose», a-t-il dit à La Presse, qui l'a joint par téléphone à Halifax, où il étudie à l'Université Dalhousie tout en continuant de jouer au hockey.

 

Bobby Nadeau n'a d'ailleurs pas caché qu'il était très content d'être loin du Québec, hier. Les images en boucle de l'agression de Jonathan Roy, il les avait assez vues. «Ici, en Nouvelle-Écosse, plein de gens ne sont pas au courant de l'histoire, on n'en parle pas. C'est par ma mère que j'ai appris la nouvelle.»

À la réflexion, Bobby Nadeau croit aujourd'hui qu'il aurait nettement mieux fait de jeter tout simplement les gants face à Roy. «Sur le coup, je n'avais qu'une chose en tête: écouter mon entraîneur, qui m'avait interdit de me battre. J'étais le gardien no 1 de mon équipe, Jonathan était le gardien no 2 de la sienne, c'était une série importante pour nous et j'étais bien prévenu que je ne devais absolument pas risquer d'être suspendu ou blessé. J'ai donc écouté le coach. Maintenant que j'ai eu le temps de repenser à tout ça, je pense que j'ai eu tort.»

Les conséquences ont été lourdes, très lourdes, dit-il. Pas facile, à la face du Québec, d'être considéré comme le peureux de service «alors que je ne suis pas du tout opposé aux bagarres en général».

Mais surtout, son équipe a finalement perdu, en six matchs. «Toute cette histoire a nui à ma concentration. J'ai dû accorder entrevue après entrevue et on ne parlait plus que de cette histoire.»

Il a croisé Jonathan Roy au palais de justice le mois dernier. Il lui aurait bien parlé, mais on lui avait dit que, pendant le procès, ce n'était pas souhaitable. Quoi qu'il en soit, «je ne suis pas rancunier. Je ne lui en veux pas.»

Alors que Jonathan Roy espère maintenant réussir à percer comme chanteur, Bobby Nadeau continue son chemin. «Après toute cette histoire, j'ai joué avec le Rocket de l'Île-du-Prince-Édouard. J'ai bien joué, ça m'a valu un essai avec les Canucks de Vancouver, mais l'équipe ne m'a pas offert de contrat. Là, je suis dans le circuit universitaire, la bourse de hockey paie mes études. Ma priorité, ce sont mes études (en kinésiologie), même si je ne ferme pas la porte à une carrière en hockey. Il n'est pas impossible que des offres viennent d'Europe à un moment donné.»

Louise Turmel, sa mère, s'est aussi montrée bien contente que tout soit terminé. «Toute cette histoire a été très pénible pour nous», admet-elle. Mais elle ajoute qu'elle trouve personnellement tout à fait correct que les tribunaux aient été saisis de l'affaire: «J'adore le hockey et je ne suis pas contre les bagarres, mais ce geste-là était vraiment disgracieux.»