Le corps d'une femme découvert mardi midi à Pointe-aux-Trembles, dans l'est de Montréal pourrait s'être celui de Natasha Cournoyer, cette femme de 37 ans portée disparue depuis jeudi soir dernier à Laval.

Au moment de mettre sous presse, la police de Montréal considérait cette hypothèse comme la plus plausible, selon ce qu'a pu apprendre La Presse. Des enquêteurs ont d'ailleurs rencontré la famille de Natasha Cournoyer ainsi que ses collègues du Service correctionnel du Canada, mardi après-midi, et les ont avisés qu'ils devaient «se préparer au pire».

L'ami de coeur de Mme Cournoyer, Michel Trottier, semblait persuadé qu'il s'agissait bel et bien du corps de la disparue: il a même annoncé sa mort sur son site Facebook, ont confirmé plusieurs de ses amis. «À tous, je vous annonce ce que jamais je n'aurais voulu : Natasha Cournoyer, mon ange, la femme de ma vie a été retrouvée sans vie aujourd'hui», a écrit M. Trottier vers 19h.

Malgré cela, les services de police de Laval et de Montréal n'étaient pas en mesure mardi soir de confirmer l'identité de la victime. La femme a été trouvée face contre terre, selon nos sources. Les enquêteurs ne l'ont pas retournée afin de ne pas nuire au travail des pathologistes de la morgue.

Mais la description du corps correspond à celle de Natasha Cournoyer, notamment pour la couleur des cheveux et le type de vêtements. L'autopsie qui sera pratiquée aujourd'hui permettra de savoir s'il s'agit bien d'elle.

Mardi après-midi, la famille de Natasha Cournoyer s'attendait au pire. Ils étaient réunis au domicile de la mère de la disparue, à Anjou, les yeux rivés aux chaînes d'information continue dans l'espoir d'en apprendre un peu plus.

En début d'après-midi, l'ami de Natasha Cournoyer, Michel Trottier, a fourni aux policiers une description des vêtements qu'elle portait au moment de sa disparition. Les enquêteurs ont également demandé à la famille si la disparue portait des lunettes, ce à quoi ils ont répondu par l'affirmative.

«On espère que ce n'est pas elle, a dit un ami de Mme Cournoyer dans l'embrasure de la porte. Mais c'est sûr que ça fait cinq jours qu'elle a disparu...» «Si on reçoit de mauvaises nouvelles, on ne fera plus de déclarations aux médias», a ajouté Michel Trottier, l'air épuisé.

Après la visite des enquêteurs de Laval, à 16h30, les proches de Natasha Cournoyer se sont refusés à tout autre commentaire aux médias.

Coin dangereux

Le corps a été découvert par des cols bleus peu avant midi en bordure du Saint-Laurent, près d'une rampe de mise à l'eau, non loin de l'intersection du boulevard Notre-Dame et de la 36e Avenue. Il portait apparemment des marques de violence, vraisemblablement des traces de strangulation.

À leur arrivée, les policiers ont rapidement bouclé un important secteur et ont établi un poste de commandement. Des enquêteurs de Laval collaborent à l'enquête.

Des agents du service d'identité judiciaire du SPVM ont passé plusieurs heures à ratisser le terrain à la recherche d'indices. Le corps, allongé près d'un bosquet, gisait sous une couverture blanche. Il a été conduit à la morgue en début de soirée seulement.

La découverte d'un corps à cet endroit n'a pas surpris un voisin interrogé par La Presse. «Il y a des transactions de drogue, des voitures volées et même régulièrement des coups de feu !» a pesté ce riverain, dont la maison donne directement sur le fleuve.

«C'est sûr que c'est inquiétant de trouver un cadavre là», a-t-il ajouté.

Toute la journée, de nombreux badauds se sont agglutinés contre les cordons policiers en bordure du boulevard Notre-Dame. Une femme avait même apporté sa chaise pliante pour observer la scène.

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Un mystérieux appel

Plus tôt dans la journée, mardi, la police de Laval avait amorcé des recherches dans un autre secteur de Laval. Le téléphone cellulaire de Natasha Cournoyer, qui habitait à Piedmont, aurait été utilisé après sa disparition et le signal de l'appareil aurait été détecté dans le quartier Duvernay.

Un deuxième poste de commandement a donc été érigé dans le stationnement d'un supermarché à l'angle du boulevard de la Concorde et de la rue J.-J.-Joubert. Environ 40 agents du Service correctionnel du Canada ont participé bénévolement aux recherches avec les policiers, les enquêteurs et des membres de l'escouade canine de Laval.

Un autre poste de commandement était toujours en place à la Place Laval, à l'angle du boulevard Saint-Martin et de la rue Grenoble (Chomedey), où se trouve l'édifice dans lequel travaillait Mme Cournoyer.

Des caméras de surveillance l'ont filmée à sa sortie de l'immeuble, jeudi soir. Elle a disparu vers 20h, avant de monter à bord de son véhicule, lequel a été trouvé dans le stationnement vendredi.

À titre de responsable des communications, Mme Cournoyer n'entrait pas en contact avec les détenus.

Encore mardi matin, la police de Laval considérait que toutes les hypothèses demeuraient plausibles. «Enlèvement ? Suicide? Fuite? Tout est envisagé», avait résumé l'agente Nathalie Lorrain.

En matinée mardi, l'ami de la victime, Michel Trottier, gardait toujours espoir qu'elle soit retrouvée en vie. L'homme de 32 ans donnait des entrevues à la chaîne pour la troisième journée consécutive devant le poste de commandement du boulevard de la Concorde.

Selon lui, sa conjointe n'avait pas d'ennemi et n'entretenait aucune mauvaise fréquentation. «La seule théorie possible est l'enlèvement. Mais c'est une femme sans histoire, qui aurait fait ça ? Des proches ? Est-ce planifié ?» demandait Michel Trottier.

Il a imploré le ou les responsables de ce rapt de faire preuve d'humanité, en plus d'exhorter sa conjointe à garder courage. «On pense à elle, on l'aime énormément. On la trouve courageuse», a dit M. Trottier. «Les gens peuvent faire des erreurs, laissez-la partir !» a-t-il ajouté.

Pour dissiper les soupçons à son endroit et focaliser l'attention médiatique sur les recherches, Michel Trottier doit se soumettre au test du polygraphe ce matin. Le jeune homme a dit n'avoir rien à cacher et était disposé à tout mettre en oeuvre pour retrouver sa compagne.