«Sans remord» après avoir agressé sexuellement une adolescente lourdement handicapée, le chauffeur de transport scolaire Rossel Boulerice a pris le chemin des cellules, ce matin, au palais de justice de Longueuil.

Le juge Marc Bisson a condamné M. Boulerice, 63 ans, à neuf mois d'emprisonnement ferme suivi d'une période de probation de trois ans pour avoir eu des contacts sexuels avec une mineure alors qu'il était en situation d'autorité.

Assis dans la salle d'audience, l'accusé, en liberté sous conditions, n'a pas bronché au moment du prononcé de la sentence. Il n'a pas davantage réagi lorsqu'un constable spécial lui a passé les menottes pour l'escorter vers le box des accusés.

Au moment de la lecture de son jugement sur sentence, le magistrat a longuement insisté sur l'«extrême vulnérabilité» de la victime, une adolescente de 15 ans lourdement handicapée qui a l'âge mental d'un enfant de trois ans.

Il a fallu que deux enseignants soient postés par hasard à une fenêtre, d'où ils avaient vue sur le véhicule de l'agresseur, au moment où ce dernier caressait les seins et l'entrejambe de la victime, pour qu'une plainte soit portée en avril 2007.

«N'eut été de ces deux témoins indépendants, la victime n'aurait jamais été en mesure de porter plainte», a indiqué le juge Bisson. Plus de deux ans après l'agression, M. Boulerice n'a manifesté «ni remord ni regret», a ajouté le magistrat. L'accusé n'a pas entrepris de thérapie, non plus. Il a également interjeté appel du verdict de culpabilité prononcé en mars dernier.

La peine imposée par le juge Bisson correspond à ce que la Couronne réclamait. La procureure de la Couronne, Marie-Josée Guillemette s'est réjouie du caractère «dissuasif et réprobateur» de la sentence.

De son côté, la défense recommandait plutôt une peine à purger dans la communauté. Au moment des représentations sur la peine, l'avocate de la défense, Me Lucie Joncas, avait plaidé le «geste isolé», arguant que son client était marié depuis plusieurs années et sans antécédent judiciaire.

Depuis l'agression, Rossel Boulerice a eu trois accidents cérébro-vasculaires. Le juge Bisson n'en a toutefois pas tenu compte. «Son état de santé n'est pas morbide. Les autorités carcérales pourront lui prodiguer les soins nécessaires», a-t-il souligné.

Les conséquences de l'agression sont difficiles à mesurer chez la victime en raison de sa déficience. Mais chose certaine, les parents éprouvent désormais une «crainte raisonnable» à confier leur enfant à un tiers, selon le juge.

Le chauffeur était mandaté par une commission scolaire de la Rive-Sud pour amener l'adolescente à l'école chaque jour. Il a perdu son emploi depuis.