Des clients qui font des manières, il y a en a dans tous les domaines, même dans celui du trafic de stupéfiants.

C'est ce qui ressort des discussions que Pierre Tremblay, ex-caïd du gang de l'Ouest devenu agent-source, a eues avec Christopher Tune, en juin 2006, sur la manière la plus efficace de faire entrer plusieurs centaines de kilogrammes de cocaïne au Canada. L'enregistrement de ces propos a été diffusé hier au procès de Tune, accusé de complot pour trafic dans cette affaire. Tremblay disait vouloir faire transporter 200 kg de cocaïne des îles du Sud vers le Canada. Tune disait connaître quelqu'un dans le Sud, qui transformerait les kilogrammes de cocaïne pour leur donner une forme plus facile à faire passer sous le nez de la police, par exemple, en les mettant dans des bibelots. Tremblay était hésitant devant l'idée d'altérer les paquets.

«Tu sais comment le monde est chialeux, tabarnak, rétorque Tremblay. Tu le sais toé aussi hostie... Aussitôt que y a un coin de parti sur le paquet, y braillent... Ça change rien dans la qualité, je le sais. Moé pis toé, on le sait que ça change rien dans la qualité. Mais les hosties de clients, eux autres, là, faut que ce soit dans un bloc, pis faut pas que ce soit flaké, pis faut pas que ce soit trop dur, que ce soit trop mou, faut que ce soit brillant, faut pas que ça goûte l'éther, faut pas que ça goûte le gaz, faut pas que ça goûte...»

Des rencontres pour discuter de ce fameux trafic, Tremblay et Tune en ont eu plusieurs en 2006. Le plan a changé souvent, tant en ce qui a trait aux quantités qu'au bateau qui allait transporter le tout. Finalement, Tremblay disait connaître un capitaine qui possédait un voilier de 50 pieds, avec des caches pour la drogue. Tune a fait mener une enquête sur ce capitaine, pour être sûr qu'il ne s'agissait pas d'un agent double. Son enquête devait démontrer que le capitaine était correct. En réalité, il s'agissait d'un policier de la GRC qui agissait à titre d'agent double. Tune ignorait aussi bien sûr que Tremblay avait viré capot. Il l'a appris plus tard, à ses dépens, puisqu'il a été arrêté en décembre 2006, lors de l'opération Cabernet. Le procès de Tune de poursuit aujourd'hui devant la juge Hélène Morin, au palais de justice de Montréal.