Les Hells Angels sont intervenus pour assurer la succession de l'ancien directeur général de la FTQ-Construction, Jocelyn Dupuis, a révélé hier Radio-Canada. Le départ du président de la FTQ, Michel Arsenault, est ouvertement discuté dans les cercles de la centrale, a appris La Presse.

Radio-Canada a rendu publique hier soir une partie des conclusions d'un reportage de l'émission Enquête qui sera diffusée demain soir. On apprend que Jocelyn Dupuis a fait appel à un membre des Hells Angels pour convaincre un candidat de se retirer de la course à sa succession.

Le 12 novembre, les délégués des syndicats affiliés à la FTQ-Construction ont voté pour choisir les successeurs de Jocelyn Dupuis et de leur président, Jean Lavallée.

Tous deux ont quitté leur poste en septembre dernier à la demande de Michel Arsenault, avait révélé La Presse. M. Arsenault venait d'être informé des développements d'une enquête de la Sûreté du Québec, qui a mis en lumière les relations entre Jocelyn Dupuis et le monde interlope.

Au moment du vote, MM. Dupuis et Lavallée se livraient une guerre ouverte. Tous deux souhaitaient conserver une influence sur la FTQ-Construction; ils espéraient donc voir «leur» candidat accéder au poste de directeur général.

Six jours avant l'élection, Jocelyn Dupuis, qui est ami avec le Hells Angel Normand «Casper» Ouimet, a fait appel à un membre en vue de l'organisation criminelle, Jacques Israël Émond, a révélé Radio-Canada. M. Dupuis voulait ainsi convaincre un troisième candidat, Dominique Bérubé, de retirer sa candidature et d'appuyer «son» candidat, Richard Goyette.

Bien qu'on ignore s'il a été menacé ou si on lui a promis des avantages, Dominique Bérubé a finalement retiré sa candidature. Et le candidat de Jocelyn Dupuis, Richard Goyette, a été élu par deux voix de majorité.

Selon Radio-Canada, un actuel dirigeant du syndicat a même remercié Jacques Israël Émond, qui est présentement accusé de meurtre.

Le départ d'Arsenault évoqué

Ces révélations ont provoqué une onde de choc au sein de la FTQ, hier. Les dirigeants de la centrale sont conviés à une réunion demain soir pour visionner en groupe le reportage d'Enquête. Selon nos sources, on s'attend à des révélations fort embarrassantes.

Déjà, des membres de la FTQ ont évoqué ouvertement hier le départ de leur président, Michel Arsenault, a appris La Presse. L'entourage immédiat de M. Arsenault estime toutefois qu'une telle décision serait prématurée.

On s'attend aussi à ce que Jean «Johnny» Lavallée soit forcé de quitter le dernier poste qu'il conserve à la FTQ comme directeur général de la Fraternité interprovinciale des ouvriers en électricité.