La Cour supérieure a commencé à entendre, mardi, la poursuite des victimes survivantes de Jocelyn Hotte, cet ex-policier de la GRC qui a tué son ex-conjointe et blessé gravement trois autres personnes en 2001, contre la Ville de Laval, son service de police et la centrale 911 de cette municipalité.

La poursuite de plus de 3 millions de dollars allègue que les policiers lavallois ont été négligents en ne prenant pas au sérieux les craintes que leur avait exprimées l'ex-conjointe de Jocelyn Hotte, Lucie Gélinas, quelques jours avant le drame.

Après avoir effectué un appel au 911 pour dire qu'elle était harcelée et menacée par le policier dépressif, deux policiers lavallois l'avaient rencontrée le 18 juin 2001 pour finalement juger que l'appel n'était pas fondé.

Cinq jours plus tard, soit le 23 juin 2001, Jocelyn Hotte, tireur d'élite à la GRC et ex-garde du corps du premier ministre de l'époque, Jean Chrétien, avait pris en chasse l'automobile à bord de laquelle se trouvait Mme Gélinas et les trois plaignants. Il avait tiré en leur direction à plusieurs reprises, tuant la dame de 37 ans et blessant les trois autres occupants lors de la poursuite, qui s'était déroulée en partie sur l'autoroute métropolitaine.

Pierre Mainville, aujourd'hui paraplégique, réclame 2 millions, alors que Hugues Ducharme et David Savard, qui avaient subi de graves blessures et des séquelles psychologiques sévères, réclament au total 1,2 million.

L'avocat de Mainville, Me Jacques Larochelle, soutient que les policiers avaient une panoplie de mesures à leur disposition qui auraient pu permettre d'éviter le drame.

Les plaignants pourraient appeler Jocelyn Hotte à témoigner au cours de ce procès, qui doit durer une dizaine de jours. Il avait été condamné en décembre 2002 par le juge John Gomery à la prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans après avoir été trouvé coupable par un jury de meurtre prémédité et de trois tentatives de meurtre.

Fait à noter, au moment du dépôt de la poursuite de MM. Ducharme et Savard, Jocelyn Hotte les avait appuyés en demandant à la Cour d'autoriser la GRC à leur fournir ses rapports médicaux et disciplinaires.

M. Hotte blâme la GRC d'être responsable de la dépression qui l'a mené au carnage et de l'avoir laissé travailler dans un tel état. Il reproche également aux policiers de la Sureté du Québec appelés à intervenir de l'avoir suivi plutôt que de protéger le véhicule des victimes.