Ils étaient quelque 200 avocats à aller prier hier à la basilique Notre-Dame. À prier en cette rentrée judiciaire pour que l'Esprit saint les éclaire.

Ils respectaient ainsi une tradition remontant au Paris du XIIIe siècle alors que juges, avocats et procureurs revêtaient à l'époque leur toge d'apparat de couleur rouge le temps d'une messe solennelle.

 

À Montréal, la tradition remonte aux années 1940. Les avocats et les juges partaient alors en toge du palais de justice et faisaient une procession jusqu'à la basilique.

Plus d'un demi-siècle plus tard, il y a toujours une messe rouge pour souligner la rentrée judiciaire, mais elle est moins courue et plus discrète.

Le veston-cravate et le tailleur ont remplacé toges et vêtements d'apparat, et, sur le coup de 8 h 30, tous les cellulaires étaient fermés.

Le juge à la retraite Victor Melançon, qui organise la messe depuis des lustres, raconte que la messe rouge, à Montréal, a longtemps été tributaire de la foi ou de la posture plus ou moins pro-laïcité des bâtonniers du Barreau de Montréal qui se sont succédé. Celui en poste actuellement assumait totalement et a même fait une lecture au cours de cette messe célébrée par le cardinal Turcotte.

Sans conséquence

C'était de circonstance, on a joué à l'avocat du diable : les tribunaux, le gouvernement, est-ce que tout cela ne doit pas, en apparence du moins, être bien séparé de l'Église ?

Jean Lozeau, qui fait partie du comité organisateur de la messe et qui travaille dans le litige commercial, croit que c'est sans conséquence. Pour l'illustrer, il note qu'il représentait Jean-Alain Bisaillon, qui était au coeur de la fraude du Marché central, une fraude de plus de 100 millions de dollars perpétrée contre les Soeurs du Bon-Pasteur. «Je représentais Bisaillon, et quand j'allais à la messe rouge, ces années-là, j'allais serrer la main de Mgr Turcotte !»