«On serait menteurs de dire qu'on n'est pas fatigués. Mais je me dis que ça fait deux ans qu'on se rapproche du but. Aujourd'hui est peut-être la dernière journée qu'on la cherche avant de la trouver.»

La voix au bout du fil est celle d'Henri Provencher, grand-père de Cédrika, disparue il y a aujourd'hui deux ans jour pour jour.

Le 31 juillet 2007, la fillette de 9 ans était vue pour la dernière fois à Trois-Rivières par deux femmes à qui elle racontait chercher un chien pour aider quelqu'un.

Depuis, des litres d'encre ont été consacrés à l'affaire Cédrika, dont le nom a résonné aux quatre coins de la province.

Mais il n'y a toujours aucune trace de la fillette, qui aurait aujourd'hui 11 ans. L'enquête policière n'a encore mené à rien. Ni les cris du coeur des proches et d'acteurs - dont l'avocat Guy Bertrand -, ni l'aide de médiums, ni la perspective de toucher une récompense de 170 000 $ n'ont permis de dissiper le brouillard autour de cette disparition.

La seule certitude qui subsiste est celle d'une famille convaincue de trouver la gamine en vie. «Environ 50 % des gens croient la trouver en vie. Nous, on a encore ce sentiment-là, et je pense que la population veut aussi la trouver et nous aider là-dedans», explique M. Provencher.

Les proches de Cédrika souhaitent souligner les 24 mois de sa disparition avec sobriété. «On invite les gens à venir nous rencontrer, nous porter des mots d'encouragement», indique Henri Provencher. Le rassemblement est prévu au local de recherche de la famille. Une messe commémorative et une marche aux flambeaux se tiendront en soirée.

Du côté de la Sûreté du Québec, on assure que le dossier est actif, sans toutefois dévoiler le nombre d'enquêteurs affectés au dossier.

Selon l'Association des familles de personnes assassinées ou disparues (l'AFAD), il faut revoir complètement la façon de traiter les disparitions au Québec. «On a l'impression que les policiers consacrent plus d'énergie à trouver une voiture volée qu'une personne disparue», déplore son fondateur, Pierre-Hugues Boisvenu, qui livre une lutte acharnée pour les droits des victimes depuis l'assassinat de sa fille Julie, en 2002.

«Elle est avec son grand-père»

Pendant que les proches de Cédrika soulignent deux années d'angoisse, une autre famille vit un anniversaire tragique. Cela faisait en effet un an hier que Mélissa Beaudin, 17 ans, était violée et battue à mort par son beau-père dans un boisé de la région de Yamaska.

La jeune Montréalaise passait quelques jours chez son amoureux, qui habitait avec son père Richard Bérard, accusé de ce meurtre. Un an plus tard, la famille de la victime vit toujours des moments difficiles. «Aujourd'hui (hier), on va aller au cimetière porter des fleurs sur sa tombe. On a juste hâte que la journée soit finie. Elle aurait eu 18 ans le 17 juillet dernier», confie Diane Jasmin, la conjointe du père de Mélissa, André Beaudin.

La famille a aussi du mal à digérer le fait que le tueur présumé, présentement hospitalisé pour un cancer généralisé, risque de ne pas avoir à répondre de ses actes. L'homme de 44 ans serait en phase terminale et son procès a été repoussé au 10 décembre. En cette période difficile, Mme Jasmin a aussi une pensée pour les proches de Cédrika. «Nous, on sait où est Mélissa. Elle est avec son grand-père», laisse tomber Diane Jasmin.