«Ce qui est triste, c'est de penser à tous les gens qui ont été baptisés, mariés, ont communié ici. C'est une grande émotion de voir tomber une église qu'on a vu pousser», raconte, la voix chevrotante, André Nolin, le curé de la paroisse Trinité-sur-Richelieu, devant les décombres encore fumants de l'église Sainte-Maria-Goretti, à Beloeil en Montérégie.

Ce petit lieu de culte construit en 1955 est la proie des flammes depuis le milieu de la nuit. Les 70 pompiers dépêchés sur place tentent actuellement de mettre fin au sinistre, qui a complètement ravagé l'église. Même s'il est encore trop tôt pour déterminer avec exactitude ce qui a provoqué l'incendie, la foudre s'avèrerait l'hypothèse la plus plausible.

Tout a débuté vers 3 h 30 du matin, lorsque les clients du restaurant Mc Donald's local ont signalé des lueurs vives derrière le presbytère de l'église de la rue Sainte-Maria-Goretti, en bordure du boulevard Sir-Wilfrid-Laurier. «À l'arrivée des pompiers, deux murs avaient déjà été consumés et le feu s'était engouffré dans le presbytère. Quand on a tenté une entrée, il y a eu un embrasement général et les fenêtres ont été soufflées à 40 pieds», explique le directeur du Service de sécurité incendie de Béloeil, Gilles La Madeleine.

Ses sapeurs ont été appuyés en renfort par ceux des municipalités de Mont-Saint-Hilaire, McMasterville, Saint-Basile-le-Grand, Chambly et Sainte-Julie.

L'église était vide au début de l'incendie et aucun pompier n'a été blessé.

Il ne reste pas grand-chose de cette église, réunie depuis 2001 avec celles de Sacré-Coeur (Mc Masterville) et Saint-Mathieu (Beloeil) au sein de la paroisse Trinité-sur-Richelieu.

Pas grand-chose à part les restes calcinés de son architecture en bois triangulaire, ses bancs et ses poutres massives. Une pelle mécanique s'affairait à faire tomber la structure en forme d'arche encore debout.

Seuls l'autel et quelques statues ont tenu le coup au fond de l'église, perceptibles à travers le nuage de fumée dense qui enveloppait le secteur.

Plusieurs paroissiens et curieux s'étaient agglutinés en bordure des cordons policiers déroulés autour de l'église pour contempler la scène.

Plusieurs semblaient bouleversés, d'autres croquaient le travail des policiers à l'aide de leur téléphone cellulaire.

En première ligne, il y avait le curé Nolin, les yeux rougis par la tristesse et la fatigue d'une nuit écourtée. Il était notamment atterré par la disparition des dossiers d'archives, de mariage, des fichiers informatiques, bref du coeur de la vie paroissiale, entreposés dans cette église. «Tout est à recommencer à zéro», résume le curé Nolin, réconforté par quelques paroissiennes lui apportant une chaise pliante et un café pour se reposer.

Pour plusieurs fidèles, c'est un tas de souvenirs qui partaient en fumée. «Je suis parti de Saint-Hilaire pour venir voir ça. L'église a une valeur sentimentale, mon fils a été baptisé ici», confie Denise Bourgon.