Un adolescent de 13 ans pleurait de désappointement, hier, après que son grand-père eut été acquitté d'agression sexuelle et d'attouchements à son endroit, au palais de justice de Montréal.

Pour la raison contraire, c'est en larmes lui aussi que le grand-père est sorti de la salle d'audience. L'homme de 61 ans était accusé d'avoir agressé sexuellement son petit-fils à plusieurs reprises entre 1999 et 2002, alors que l'enfant était âgé de 4 à 7 ans et qu'il se faisait garder.

Malgré le fait qu'il ait relevé des invraisemblances et des contradictions dans le témoignage du grand-père, le juge Gilles Cadieux lui a accordé le bénéfice du doute. «Les gestes peuvent avoir été posés, mais je ne suis pas convaincu hors de tout doute raisonnable», a dit le magistrat, en faisant valoir que la Couronne avait un très lourd fardeau, et qu'elle ne s'en était pas déchargée. Il faut dire que l'enfant avait lui-même livré des témoignages contradictoires au sujet des agressions, au cours des années.

En l'an 2000, il avait confié à une gardienne que son «papy» touchait à ses parties génitales et jouait avec ses fesses. L'enfant affichait alors des comportements bizarres. La gardienne l'avait surpris à masturber le chien, il était agressif, et il s'amusait à baisser les petites culottes des fillettes de la garderie. Il se gavait de nourriture, n'était pas propre, et il lui arrivait d'étendre ses excréments sur les murs.

Le bambin avait été évalué et suivi dans deux hôpitaux pour enfants de Montréal, et une enquête avait été amorcée. Les policiers avaient toutefois fermé le dossier en 2002, en raison d'un manque de preuves. La même année, l'enfant reparlait à nouveau des agressions de son grand-père. Mais quelques jours plus tard, il disait à sa mère avoir «tout inventé», et ne plus vouloir en entendre parler. En 2003, il revenait sur ses paroles, et affirmait que les sévices avaient réellement eu lieu, mais qu'il les avait niés pour ne pas faire de peine à son «papy». L'enquête a alors été rouverte, ce qui a mené à la mise en accusation du grand-père, en novembre 2004.

Pas de signes physiques

Les experts appelés à se prononcer dans ce dossier n'ont pas amené d'eau au moulin de la Couronne. Les examens physiques de l'enfant étaient normaux, ce qui ne voulait pas dire qu'il n'y avait pas eu d'agression, ont-ils dit. En ce qui concerne le comportement bizarre de l'enfant, ce n'était pas un signe spécifique d'agressions. Cela pouvait être lié à autre chose. Tout cela était survenu dans le cadre de mésentente des parents, puis de leur séparation.

La mère et le père, qui accompagnaient leur fils, hier, étaient amèrement déçus de la conclusion de cette affaire. «Ça a duré six ou sept ans cette affaire-là. Il a passé son primaire et a commencé son secondaire là-dedans. C'était toujours remis. Comment voulez-vous qu'un enfant se souvienne quand c'est toujours remis?» fulminait la mère, qui croit fermement que les agressions se sont réellement produites.

La procureure de la Couronne, Anne-Andrée Charrette, n'était pas en mesure de dire, hier, s'il y aurait appel du verdict. Il faut prendre le temps d'examiner la situation, a-t-elle fait valoir. Le grand-père était défendu par Me Conrad Lord.