Atteint de trois balles au thorax dans le stationnement d'un gymnase de la rue Jarry, dans l'arrondissement de Saint-Léonard, Dany De Gregorio, 39 ans, jeune mafieux en pleine ascension, se trouvait toujours dans un état jugé sérieux, en fin de soirée hier.

Selon la police, De Gregorio sortait de l'établissement Gym Concept en compagnie d'un ami, peu après 11h hier, quand un tireur sorti de nulle part s'est approché en courant et a ouvert le feu au moins cinq fois en sa direction, l'atteignant de trois projectiles «au haut du corps», a indiqué le sergent Raphaël Bergeron, de la police de Montréal. La victime a été secourue par des témoins qui l'ont transportée dans le gymnase. Quant au coupable, il a pris la fuite à bord d'une voiture qui l'attendait à proximité, rue Champ-d'Eau.

Le secteur a été complètement bouclé pendant près d'une heure et une dizaine de témoins ont été interrogés. Une des balles perdues a échoué dans la vitrine d'un dépanneur situé de l'autre côté de la rue Jarry, tandis qu'une autre a fracassé les vitres d'un véhicule stationné.

Surnommé Arm (le bras), De Gregorio a récemment été libéré des accusations portées contre lui dans une affaire de séquestration et d'extorsion survenue le 17 juin 2008. La victime, Nino de Bartolomeis, avait été enlevée sous la mence d'armes à feu, près du café-bar Sambuca, boulevard Maurice-Duplessis. Les ravisseurs l'ont ensuite conduit dans un entrepôt où il a été ligoté et frappé à plusieurs reprises. On lui réclamait le remboursement d'une dette de 100 000$, à en croire de Bartolomeis.

Après toute une nuit en captivité, de Bartolomeis avait réussi à s'enfuir en s'emparant de l'arme d'un des geôliers assoupis. Aussi connu sous le nom de Nino Brown, de Bartolomeis avait ensuite porté plainte à la police. Sauf Salvatore Scoppa, qui a plaidé coupable, tous les prévenus ont été libérés après l'enquête préliminaire. Bon ami de Bartolomeis, De Gregorio était intervenu pour le convaincre de payer sa dette à la redoutable organisation de Scoppa et de son frère Andrew.

Dettes impayées

De prime abord, la police n'écarte pas la possibilité que l'attentat contre De Gregorio trouve son origine dans cette nébuleuse histoire de dettes impayées qui a laissé plusieurs des accusés en rogne. De Gregorio, qui en était à ses premiers démêlés avec la justice, est un proche allié du mafioso Giuseppe De Vito, qui fait dans le trafic de drogue, les paris clandestins et le prêt usuraire. Membre influent du clan Arcadi, de la grande «famille» Rizzuto, De Vito est recherché depuis 2006 en marge de l'opération Colisée.

D'approche facile, De Gregorio était en outre le parrain d'une des deux fillettes de De Vito, qui auraient été assassinées par leur mère dépressive, le 31 mars. Le drame s'est produit à la luxueuse résidence de De Vito, rue de l'Adjudant, à Laval. Les victimes avaient 8 et 9 ans. La mère, Adèle Sorella, est toujours internée en attendant son procès pour ce double infanticide.

Avec la collaboration de Karim Benessaieh