L'ex-avocat Louis Pasquin a été condamné à 54 mois de prison, hier, pour avoir trempé dans un important réseau de trafic de drogue entre juillet 2005 et mars 2006. Il est le premier avocat au Canada à avoir été déclaré coupable de gangstérisme.

Vêtu d'un complet-cravate, l'homme de 49 ans s'est laissé menotter, hier matin, à la fin du prononcé de sa peine. Puis il a pris le chemin des cellules en compagnie de ses deux coaccusés, Carmelo Venneri, et Jean-Daniel Blais. Ces derniers ont respectivement écopé de six ans et trois ans et demi de prison. Immédiatement après l'audience, Me Pierre Panaccio, avocat de Pasquin, a traversé la rue pour se rendre à la Cour d'appel afin d'obtenir la remise en liberté provisoire de son client. Le juge Jacques Dufresne a accédé à la demande parce que Pasquin a déjà porté le verdict en appel et qu'il a toujours respecté les conditions de sa remise en liberté. D'ailleurs, la Couronne était d'accord avec cette requête, pourvu que les conditions de remise en liberté qui avaient été imposées à Pasquin soient maintenues.En rendant sa décision, hier, le juge de la Cour du Québec Carol Saint-Cyr a fait valoir qu'il donnait priorité à la dénonciation et à l'exemplarité, même si aucun des trois accusés n'avait d'antécédent judiciaire. Les trois hommes ont été arrêtés en même temps qu'une vingtaine d'autres personnes, le 14 mars 2006, dans le cadre de l'opération Piranha, lancée par la Sûreté du Québec. L'opération visait à démanteler un réseau de trafiquants de cocaïne lié aux Hells Angels et à la mafia italienne.

Le réseau opérait dans les Basses-Laurentides et était dirigé par Louis-Alain Dauphin, ami et client (en matière civile) de Me Pasquin. Pour coincer ce gang du Nord, les policiers ont intercepté plus de 130 000 conversations téléphoniques, fait de la filature et saisi 49 kg de cocaïne. Au procès, la Couronne a fait valoir que Pasquin avait servi d'intermédiaire entre son ami et client, Dauphin, et son beau-frère, Michael Russell. Pasquin avait plaidé l'ignorance et la bonne foi professionnelle. Il ne savait pas que les deux hommes trempaient dans des affaires de drogue. Il a nié les avoir laissés se servir de sa maison pour conclure des transactions, tout comme il a nié être intervenu dans les affaires du gang. Mais le juge en a décidé autrement.

«Dès les premières interceptions téléphoniques le mettant en cause, on constate l'utilisation par l'accusé d'un langage rempli de sous-entendus, truffé d'imprécisions volontaires et empreint d'une familiarité singulière», avait noté le magistrat.

Louis Pasquin a été admis au Barreau en 1987. En tant qu'avocat criminaliste, il a été appelé à représenter des membres du crime organisé dans des affaires de trafic de stupéfiants. Il a été radié de façon administrative et provisoire en mars dernier, après avoir été déclaré coupable de complot, de trafic de cocaïne et de gangstérisme.

Son frère, Richard Pasquin, ex-avocat lui aussi, croit aux chances d'un appel. Selon lui, «il y a eu des erreurs», notamment dans l'écoute électronique. Il reproche au ministère public d'avoir choisi «60 conversations sur des centaines». L'ensemble aurait pu expliquer un contexte, croit-il. «On ne peut pas faire de l'editing comme ça», dit-il.