Dans un procès de braquage à domicile où il y a quatre accusés, l'avocat Franco Schiro devra se résoudre à travailler aux côtés de deux collègues, même si l'harmonie ne règne pas entre eux. Le juge Paul Chevalier a rejeté, jeudi, sa requête d'ordonner un procès séparé pour cause de menaces et insultes à son endroit.

«Il est courant que, lors de procès conjoints, les relations entre les différents avocats puissent être tendues, en raison des intérêts différents de chacun. Mais ce ne sont certainement pas des frictions entre les avocats et des inconforts de travailler ensemble qui peuvent justifier une ordonnance de procès séparés. Les avocats doivent se comporter selon les standards de la profession et, en cas d'inconduite, c'est le tribunal compétent ou l'ordre disciplinaire approprié qui doit sanctionner ces écarts», a noté le juge dans sa décision écrite.

Le magistrat a aussi indiqué que le désagrément ressenti par Me Schiro à la suite des «excès verbaux d'un ou de deux avocats de coaccusés, tenus hors cour il y a plusieurs mois, ne peut d'aucune façon influencer le juge du procès, empêcher l'accusé de produire une défense pleine et entière, et lui causer une injustice».

Me Schiro soutenait avoir été menacé en pleine cour par Me Vincent Montminy, le 4 février dernier, et avoir ensuite été insulté par Me Gilles Daudelin. Me Montminy nie avoir prononcé les paroles que Me Schiro lui impute, soit «ôte tes lunettes que je te frappe au visage». Le juge a écouté l'enregistrement de la cour et aucune menace n'est audible, a-t-il fait valoir jeudi matin.

Plusieurs constables et policiers ont été témoins d'une engueulade à l'extérieur de la salle d'audience, ce jour-là, entre Me Schiro et les deux autres avocats. Me Daudelin admet d'ailleurs avoir tenu des propos inappropriés lorsqu'il a dit : «Il mériterait que je lui en crisse une bonne sur la gueule.» Mais ces propos ne s'adressaient pas directement à Me Schiro.

Il semble que la bisbille couvait depuis un certain temps entre Me Schiro et les deux autres avocats. Le couvercle de la marmite a sauté quand Me Schiro a fait remarquer au juge, le 4 février, que seuls les parents de son client assistaient aux audiences. Les deux autres avocats l'ont manifestement interprété comme une gifle.

Le rejet de sa requête n'a pas ébranlé les convictions de Me Schiro, qui a bien l'intention de continuer à défendre son client. «J'ai un travail à faire et je vais le faire avec intégrité», a-t-il dit jeudi.