Les policiers montréalais ont mis un frein, hier, aux activités d'un autre réseau de revendeurs de cocaïne associé aux gangs de rue et très actif dans le centre-ville, notamment sur le boulevard Saint-Laurent. Ce réseau, appelé K-Crew, était organisé à la manière des motards.

Vers 8h hier, une centaine de policiers du poste 38, de la section Moralité, alcool et stupéfiants région nord et du module gangs de rue de la région nord ont pris part au projet Norte. L'opération visait les K-Crew, un groupe indépendant d'une douzaine de membres qui se distinguent en arborant les armoiries du gang, une tête de mort au-dessus de deux sabres.

Les policiers ont épinglé 20 personnes, en plus d'avoir saisi plus de 15 000$ en espèces, 220 grammes de cocaïne, quelques livres de marijuana, 1140 pilules d'ecstasy, 950 plants de marijuana, 1830 comprimés de speed, des armes blanches et des imitations d'armes.

L'opération est le fruit d'une enquête amorcée en janvier, à la suite de plaintes de tenanciers de bars. Des agents doubles ont infiltré le réseau et effectué une trentaine d'achats de stupéfiants.

Le présumé cerveau de l'organisation, bien connu de la police, est Jean-Philippe Célestin. L'homme, qui n'était pas chez lui hier matin lors de la visite des policiers, a été cueilli plus tard dans la journée.

Certains membres des K-Crew, dont Célestin, ont déjà frayé avec les bleus. Ils entretiennent des liens avec des proches des Hells Angels, Claude Wagner et Normand Pearson, qui ont été épinglés hier. Une cinquantaine de plants de marijuana ont été retrouvés chez Pearson, dans l'est de la ville. Les K-Crew avaient la permission d'opérer sur le territoire des Hells Angels et de la mafia italienne.

Célestin et sa bande tentaient depuis leur création, en 2003, d'accroître leur emprise sur le commerce de la drogue au centre-ville. Ils étaient actifs surtout entre la rue Sherbrooke et l'avenue du Mont-Royal. Ils pouvaient écouler de la marijuana et plusieurs onces de cocaïne chaque semaine, de quoi leur rapporter entre 30 000$ et 40 000$.

Le nom de Jean-Philippe Célestin est ressorti à plusieurs reprises durant l'audience de la Régie des alcools, des courses et des jeux entourant la fermeture du Pub St. James, en 2008. Durant la seule année 2007, le bar sélect de la rue Saint-Jacques a été le théâtre d'une bonne dizaine d'incidents violents.

Structure traditionnelle

Pour le commandant Richard Martineau, de la section Moralité, alcool et stupéfiants, la structure du réseau démantelé s'apparente beaucoup à celle observée traditionnellement au sein du crime organisé. «C'est une structure hiérarchique avec un dirigeant, un bras droit, des responsables de rue et des revendeurs», a-t-il expliqué.

Le bras droit de Célestin, Lewis Arismendy Santana, a aussi été arrêté.

Célestin et sa bande s'approvisionnaient en marijuana auprès de la clique des frères Patrick et Jason Andrade, qui ont aussi été arrêtés hier.

Selon le commandant Richard Martineau, des rencontres avaient parfois lieu à l'intérieur de certains débits d'alcool du boulevard Saint-Laurent, mais les ventes se faisaient toujours à l'extérieur. «On remarque que les gangs de rue sont de mieux en mieux organisés dans la vente de stupéfiants», a souligné M. Martineau.

De son côté, le commandant du poste de quartier 38, Stéphane Bélanger, assure travailler d'arrache-pied pour contrer ce commerce illicite. «On a adopté un plan d'action plus structuré que les années passées; on a plus de policiers lors des soirées et à la sortie des bars», a-t-il expliqué.

Ses agents auront d'ailleurs le boulevard Saint-Laurent à l'oeil pour éviter le retour des revendeurs. «On est là pour prendre le contrôle», a résumé M. Bélanger.

Les suspects arrêtés hier devraient comparaître aujourd'hui au palais de justice de Montréal, sous des accusations de complot, de possession de stupéfiants dans le but d'en faire le trafic et de trafic.

Les policiers ne chôment pas depuis quelque temps. L'opération d'hier s'ajoute à celles contre les motards, les mafias italienne et autochtone et la pègre asiatique au cours des dernières semaines.

La plupart de ces opérations n'ont pas de liens entre elles.