Sans grande surprise, Saïd Namouh a échoué dans sa tentative de faire déclarer inconstitutionnelle la loi antiterroriste en vertu de laquelle il est accusé.

«Le requérant n'a pas établi que les dispositions attaquées violent la liberté d'expression», a conclu le juge Claude Leblond, hier matin au terme de son jugement. Comme cette requête en inconstitutionnalité constituait l'unique défense de Namouh, les avocats ont entrepris de plaider l'affaire au fond, tout de suite après. Arrêté dans la région de Maskinongé en septembre 2007, Namouh, un Marocain d'origine qui a obtenu la résidence permanente en 2003 après avoir épousé une Québécoise, est accusé de complot à l'engin explosif, participation aux activités d'un groupe terroriste et extorsion en association avec un groupe terroriste.

Les crimes qui lui sont reprochés ont trait à ses allées et venues sur le web, ainsi qu'au travail de montage qu'il a effectué pour le Global Islamic Media Front. Il s'agit de vidéos glorifiant la guerre sainte et appelant à s'y joindre, faits à partir de matériel disponible sur l'Internet. On y trouvait par exemple le moyen de fabriquer une ceinture explosive, et des conseils sur l'endroit où se placer dans un autobus pour celui qui veut se faire exploser, dans le but de tuer le plus de gens possible.

«Il passait ses nuit debout à faire ça», a fait valoir le procureur de la Couronne Dominique Dudemaine, qui est d'avis que le web a remplacé les camps d'entraînement en Afghanistan, pour les terroristes. «Est-il permis de louer un local pour montrer aux gens à se faire sauter?» a demandé Me Dudemaine. Le procureur a fait ressortir le fait que ce n'est pas tous les jours «qu'on a une cause de terrorisme devant les tribunaux. C'est l'occasion de marquer la ligne», a-t-il conclu.

Me René Duval, en défense, soutient pour sa part qu'il n'y a jamais eu de complot terroriste. «Une expression d'intention sans entente n'est pas un complot», a-t-il martelé. En conclusion, Me Duval admet que Namouh a transmis le matériel en question, mais il est d'avis que cela ne constitue pas un crime au sens de la loi. Le juge Leblond rendra jugement le 1er octobre.