Le ministère de la Sécurité publique a admis hier que la surpopulation carcérale est devenue un problème «inacceptable». Il soutient que des mesures sont déjà en branle pour améliorer le sort des détenus au Québec.

La sous-ministre associée aux services correctionnels, Brigitte Portelance, a fait cette déclaration à la suite du reportage publié hier dans La Presse.

 

Le reportage révèle que la prison de Bordeaux est si surpeuplée que les hommes qui y purgent une peine intermittente sont forcés de dormir côte à côte sur de minces matelas posés par terre, dans des conditions d'hygiène plus que douteuses. Le président national du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels a également affirmé que des hommes dorment à même le sol dans toutes les prisons du Québec.

«Si le Ministère jugeait que la situation est acceptable, il n'aurait pas annoncé des investissements très importants en matière d'infrastructures carcérales», a indiqué Brigitte Portelance. «Ce n'est pas une situation que l'on veut permanente, a-t-elle ajouté. Il y a plusieurs projets de rénovation et de construction de nouvelles prisons car, effectivement, la population carcérale est trop élevée.»

À la prison de Bordeaux, il faudra attendre la fin des travaux de rénovation, en juillet, pour que la situation se résorbe, a ajouté Brigitte Portelance. Ces travaux fourniront 250 places de plus dans le centre de détention de Montréal.

Ailleurs au Québec, la construction de quatre nouvelles prisons donnera 400 places supplémentaires d'ici cinq ans, ce qui devrait notamment suffire à accueillir les prévenus qui arrivent en masse à la suite de rafles policières contre le crime organisé, a dit la sous-ministre.

D'ici là, résume-t-elle, «nous sommes dans une période de transition, en réajustement.» «On aimerait fournir de meilleures conditions aux détenus, poursuit-elle. C'est pour cela qu'on investit dans les infrastructures. Évidemment c'est à la hauteur des moyens que l'on a.»

L'ADQ dénonce la surpopulation

À Québec, la chef intérimaire de l'ADQ et critique en matière de sécurité publique, Sylvie Roy, a vivement dénoncé la situation décrite par La Presse: «C'est un autre chapitre du feuilleton de la surpopulation carcérale. Jacques Dupuis, quand il était dans l'opposition, avant 2003, dénonçait à hauts cris la surpopulation carcérale. Mais depuis qu'il est ministre, il n'a rien fait. On va avoir des problèmes sérieux pendant des années si le gouvernement ne fait rien.»

Le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, n'était pas joignable hier.