Après une journée et demie de délibérations, neuf femmes et trois hommes ont scellé le sort de Francis Proulx. L'homme de 30 ans a été reconnu coupable du meurtre prémédité de Nancy Michaud, attachée politique du ministre Claude Béchard.

Proulx est condamné à la prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. «Il mérite plus que ça, mais on a la peine maximale. On est vraiment contents», a dit Daniel Casgrain, mari de la victime, à sa sortie de la salle d'audience, au palais de justice de Québec. Il a ensuite lu une lettre émouvante aux médias et brandi une photo de sa famille dans des temps plus heureux.

Francis Proulx a abattu d'une balle à la tête la mère de famille de 37 ans le 16 mai 2008 à Rivière-Ouelle, village du Bas-Saint-Laurent. Il a transporté le cadavre dans une maison abandonnée, puis l'a violé.  Proulx, impassible, a décliné l'offre du juge Jacques Lévesque de s'exprimer à la suite du verdict.

Une thèse inédite rejetée

Les jurés ont rejeté la thèse de la défense de non-responsabilité pour troubles mentaux. Au procès, deux psychiatres, Louis Morissette et Marie-Frédérique Allard, ont témoigné que l'Effexor consommé par Proulx, combiné au syndrome de Gilles de la Tourette dont il souffre, ont induit chez lui des «changements de comportement» et un «manque de jugement».

La Couronne a répliqué avec un autre psychiatre. Le Dr Sylvain Faucher a descendu en flammes la thèse inédite de la défense, qui n'était basée sur aucune étude scientifique. Le médecin a souligné à gros traits que Proulx consomme aujourd'hui la même dose d'Effexor qu'au moment du meurtre.

Ce verdict a été rapide, compte tenu de la complexité de la preuve de la défense. Dans ses consignes aux jurés lundi, le juge Jacques Lévesque les avait prévenus de la difficulté de leur tâche. Les jurés avaient le choix entre quatre verdicts : meurtre prémédité, meurtre non prémédité, homicide involontaire et non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux.

Ce procès a failli avorter après que le psychiatre Louis Morissette eut reconnu avoir menti durant son témoignage. Hors jury, les avocats de la défense ont présenté une requête en ce sens, que le juge Lévesque a vite rejetée. Aux yeux de la défense, le mensonge du psychiatre a compromis de «façon irrémédiable» l'équité du procès.

Le magistrat a qualifié le mensonge d'«accessoire à la preuve», en reconnaissant toutefois que cela avait pu «couper un peu les jambes, les bras et le reste» de la défense. Le Service de police de la Ville de Québec mène actuellement une enquête visant à déterminer si le Dr Morissette, fréquemment appelé à témoigner en cour depuis une vingtaine d'années, sera accusé ou non de parjure.

Les avocats de Francis Proulx, Mes Jean Desjardins et Sophie Dubé, n'ont pas fait de commentaires. La défense a 30 jours pour en appeler du verdict. Les autres dossiers de Proulx suivront leur cours, à Rivière-du-Loup, selon la Couronne. Il y est accusé de nécrophilie, d'agression sexuelle, de vols qualifiés et d'introduction par effraction.

- Avec La Presse Canadienne et Le Soleil