Après que «deux ou trois filles de suite» eurent «moins réagi» au violeur de Montréal-Nord, ce dernier avait l'impression d'être un «clown». Pour faire davantage peur à ses prochaines victimes, il a utilisé un couteau.

«C'est un automatisme. Personne ne veut devenir un héros en voyant un couteau», a expliqué le jeune homme, qui témoignait hier matin au Tribunal de la jeunesse dans sa propre cause. Mince et de très grande taille, l'accusé âgé de maintenant 20 ans a plaidé coupable à une série d'accusations relatives à neuf agressions sexuelles, certaines commises à la pointe d'un couteau, entre novembre 2005 et novembre 2006, à Montréal-Nord. L'accusé avait 16 et 17 ans au moment des crimes, mais il a accepté d'avoir une sentence d'adulte. Une longue peine de prison lui pend au bout du nez. La Couronne voudrait de plus le faire déclarer délinquant à contrôler, ce qui constituerait une première pour un accusé qui était mineur au moment des crimes. Le jeune homme est prêt à purger sa peine au pénitencier de Macaza, spécialisé dans le traitement des agresseurs sexuels. Mais il est manifestement contre l'idée d'être étiqueté délinquant à contrôler. Il affirme qu'il n'est plus le même qu'avant, assure qu'il a pris conscience de ses problèmes et qu'il a changé, même s'il lui reste du «travail à faire». Il jure qu'il est plus ouvert, qu'il n'accumule plus les frustrations jusqu'à «ce que ça explose». Les expertises commandées par la Couronne le décrivent comme une personnalité narcissique qui souffre de paraphilie, une des déviances sexuelles les plus difficiles à maîtriser et qui présente un fort risque de récidive. Il parle avec aisance de ses motivations.

 

Questionné par son avocat, Me Stephen Angers, le jeune homme a raconté que le fait de faire peur à ses victimes lui donnait de la force. «Ça me valorisait de voir que les victimes pouvaient avoir peur», a-t-il expliqué, hier. Au début, il s'agissait d'attouchements. Mais au fil du temps, les agressions ont gagné en gravité, allant jusqu'au viol. Aîné d'une famille de huit enfants, il vivait avec toute sa famille dans un cinq-pièces, à Montréal-Nord. Il fréquentait une école secondaire, mais il a abandonné l'école. À l'automne 2006, il ignorait que son portrait-robot circulait. Il l'a su parce qu'une de ses amies lui a demandé de la raccompagner, un soir. «Je lui ai demandé pourquoi. Elle a dit parce qu'il y avait un violeur à Montréal-Nord. C'est moi qu'ils recherchaient», a-t-il expliqué. Arrêté en novembre 2006, il a été envoyé en centre d'accueil, et s'y trouve toujours. «Au début, j'étais fermé, je ne voulais rien savoir. Là, j'ai changé. J'ai de l'empathie.»

Le jeune homme a voulu présenter ses excuses aux victimes, hier, mais les quatre qui se trouvaient dans la salle les ont refusées. «Parce qu'elles ne croient pas ces excuses sincères», a expliqué la procureure de la Couronne, Sylvie Lemieux. Avant de rendre sa décision, le juge Gaétan Zonato doit d'abord entendre l'expert de la défense et les plaidoiries. L'audience se poursuivra le 26 mai.