Les Hells Angels ont, à toutes fins pratiques, été rayés de la carte au Québec et dans l'Est du Canada. C'est ce que l'on peut déduire du bilan qu'ont livré les forces policières, jeudi, au lendemain de l'opération SharQc.

Celle-ci a mené à l'arrestation de 128 membres en règle, prospects et sympathisants de la bande de motards, alors que ceux qui restent, soit 25 membres en règle et trois sympathisants, font l'objet de mandats d'arrestation et sont activement recherchés.

Sur ce total de 156 suspects visés, 109 ont été appréhendés au Québec, quatre au Nouveau-Brunswick, trois en République Dominicaine et un en France, alors que 11 étaient déjà détenus pour d'autres délits criminels.

Toutes ces personnes feront l'objet d'une ou de plusieurs accusations allant de complot pour meurtre, meurtre, complot pour importation et trafic de stupéfiants à gangstérisme, selon le cas.

Ce sont ainsi les cinq chapitres des Hells Angels au Québec, soit ceux de Montréal-Sorel, Longueuil, Québec, Sherbrooke et Trois-Rivières, qui ont été démantelés, leurs repaires saisis, de même que des biens et résidences présumément issus des produits de la criminalité.

En tout, 177 perquisitions ont été réalisées, dont plusieurs étaient toujours en cours jeudi.

L'opération SharQc, un acronyme signifiant «Stratégie Hells Angels Rayon Québec», est le résultat de trois ans d'enquête mais celle-ci a mis à profit les données recueillies dans 81 enquêtes réalisées depuis 1992.

Ce travail a permis de résoudre 21 meurtres commis durant la guerre des motards entre 1994 et 2004, 10 nouvelles tentatives de meurtre ou complots pour meurtre et cinq incendies criminels.

Durant ces trois dernières années d'enquête, les policiers ont saisi quelque 5 millions $, des centaines de kilos de cocaïne et de marijuana et des milliers de comprimés de métamphétamines, ainsi que des équipements pour en fabriquer.

Outre le démantèlement de la bande de motards, l'opération SharQc visait également à freiner l'infiltration des Hells Angels au sein de «l'économie légale» et récupérer les pertes fiscales reliées à leur marché criminel.

Les policiers sont cependant demeurés discrets sur l'importance ou la nature des investissements réalisés par les Hells Angels dans l'économie légale, expliquant qu'il s'agissait-là d'éléments de preuve à être utilisés lors des procès à venir.

En contrepartie, ils ont indiqué avoir saisi des actions de deux entreprises qui n'ont pas été identifiées et 17 comptes de banque.

Bien qu'il s'agisse d'une entaille profonde dans la mouvance criminelle, les forces policières ont rappelé que les Hells Angels demeurent une organisation puissante dans le reste du Canada et à travers le monde. Elles ont aussi reconnu s'attendre à ce que d'autres organisations criminelles tentent de combler le vide laissé dans le milieu criminel et le lucratif marché des stupéfiants, ce qui les obligera à faire preuve d'une vigilance accrue.

Les policiers se sont réjouis de la collaboration manifestée par les quelque 18 corps policiers ayant participé à l'opération et par les autorités internationales, leur enquête s'étant transportée, outre la République Dominicaine et la France, jusqu'au Mexique.