Malgré une hausse marquée de la circulation ferroviaire depuis les années 90, la sécurité des passages à niveau du corridor Québec-Windsor n'a fait l'objet d'aucune évaluation sérieuse depuis près de 20 ans.

C'est un des constats que vient de tirer le Bureau de la sécurité des transports (BST), dans son rapport sur une collision entre un camion semi-remorque et un train de Via Rail, survenue à Pincourt en novembre 2007, sur l'un des passages à niveau les plus achalandés au pays.Selon la reconstitution de l'accident faite par les enquêteurs du BST, le camion semi-remorque, qui passait sur le passage à niveau situé près l'autoroute 20 et de la 3e avenue, à Pincourt au lendemain d'une tempête, s'est enlisé dans un gros banc de neige. Constatant qu'il était coincé sur la voie ferrée, le chauffeur est sorti de son véhicule lourd pour tenter de trouver une solution. Même s'il était en possession d'un téléphone cellulaire, jamais il n'a songé à appeler le CN ou le CP pour leur demander de stopper la circulation ferroviaire.

Exactement trois minutes et quarante secondes après s'être immobilisé, le camion a été frappé de plein fouet par un train de Via Rail qui arrivait de l'est à plus de 100 km/h. Ni l'opérateur du train ni les passagers n'ont été blessés. Le conducteur, qui s'était mis à l'abri avant l'impact, a pour sa part subi des blessures mineures.

Depuis 1997, trois tracteurs semi-remorque immobilisés exactement au même passage à niveau ont été heurtés par des trains de Via Rail. Transport Québec a déjà annoncé son intention de construire un tunnel à cet endroit pour éviter de nouveaux accidents.

Dans son rapport d'enquête, le BST constate que le conducteur n'était pas au courant du volume de trafic ferroviaire à cet endroit. « Il n'a pas saisi l'urgence de la situation », écrivent les auteurs du rapport.

Avant d'autoriser Via à augmenter la vitesse de ses trains jusqu'à 160 km/h dans le couloir ferroviaire Québec-Windsor au début des années 1990, Transports Canada avait préalablement fait des évaluations de la sécurité aux passages à niveau afin d'identifier ceux qui doivent être améliorés. « Ces évaluations datent maintenant de près de 20 ans. Les possibilités d'une collision entre un train et un camion ont augmenté depuis ce temps», constate Guy Laporte, enquêteur principal du BST. L'organisme demande donc à Transport Canada de mener de nouvelles évaluations de risque, pour éventuellement déterminer quels passages doivent faire l'objet d'améliorations.

Le BST constate également que la signalisation indiquant les numéros d'urgence à appeler lorsqu'un arrêt du trafic ferroviaire est nécessaire à un passage à niveau est totalement déficiente. Le numéro à appeler pour les voies ferrées du CN se trouve sur les boîtes de contrôle des passages à niveau - sorte de cabanons gris - alors que ceux du CP sont inscrits à l'arrière de la croix de St-André qui borde la voie ferrée. « Il n'existe aucune norme spécifique pour la taille des affiches, leur libellé ou leur emplacement », note le BST, qui réclame à Transport Canada la création de normes plus strictes pour rendre ces numéros d'urgence plus visibles.