La veille du meurtre de Nancy Michaud, Francis Proulx a visionné des vidéos sur l'internet d'hommes cagoulés en train d'agresser une femme dans une chambre à coucher. Des photos de femmes menottées, bâillonnées, dans des positions sexuelles explicites ont aussi été découvertes dans son ordinateur personnel.

Le contenu de cet ordinateur a été déposé en preuve, lundi, au 10e jour du procès de Francis Proulx, accusé du meurtre prémédité de Nancy Michaud, au palais de justice de Québec.

Des vidéos desquelles il s'est inspiré, selon la thèse de la Couronne. L'accusé est entré par effraction chez Mme Michaud, cagoulé et armé d'un revolver, dans la nuit du 15 au 16 mai derniers à Rivière-Ouelle, petit village du Bas-Saint-Laurent. Il l'a menottée, lui a volé ses cartes de guichet, puis l'a abattue d'une balle dans la tête. Il s'est ensuite rendu au guichet automatique du village pour retirer 1000 $ du compte de la victime. Il l'a également violée à trois reprises.

Après avoir couché Mme Michaud sur le lit, Proulx s'est dit « tant qu'à y être pourquoi pas ». C'est ce qu'il a confié au sergent-enquêteur Serge Boucher dans la voiture de police le transportant vers le centre de détention de Québec, au lendemain de son arrestation. «Il m'a dit ça sur un ton banal, comme s'il avait fait des achats au Canadian Tire», a témoigné le policier de la Sûreté du Québec (SQ). Le sergent Boucher venait de lui demander s'il avait tout dit lors de son interrogatoire de la veille. À l'interrogatoire, Proulx avait admis avoir tué Mme Michaud, mais n'avait pas parlé du viol.

«C'est la première fois que je faisais ça avec une femme», a répondu Proulx au sergent Boucher après un moment de silence. Il a donné des détails intimes sur le déroulement de la relation sexuelle. Après cette révélation, Proulx lui a indiqué «être soulagé» et «sans remords». L'accusé lui a aussi demandé de s'adresser aux médias, requête que le policier a refusée.

Recherches

Quelques heures avant d'être arrêté le 18 mai dernier, Proulx a fait des recherches sur l'internet sur la disparition de Mme Michaud. Il s'intéressait aux portraits-robots de criminels recherchés dans la province, ainsi qu'aux fréquences des ondes radio de la SQ, a témoigné l'enquêteur à la division des crimes technologiques de la SQ, Louis Jacob.

Proulx a même téléchargé la vidéo de surveillance diffusée sur le web dans laquelle on le voit, cagoulé, en train de faire le retrait au guichet automatique de la caisse populaire. Cette vidéo avait été diffusée par les médias d'information au lendemain de la disparition de l'attachée politique du ministre Claude Béchard, le 16 mai. La mère de famille de 37 ans a été retrouvée sans vie, deux jours après sa disparition, dans le sous-sol d'une maison abandonnée du village.

Une vingtaine d'images de femmes menottées, bâillonnées dans des positions sexuelles explicites ont aussi été saisies dans l'ordinateur de Proulx, ainsi que du matériel pornographique homosexuel. Ces images ont été téléchargées moins d'un mois avant le meurtre. L'accusé s'est également servi du moteur de recherche «Google images» pour trouver des photos du «ministre de l'Environnement du Québec» ainsi que d'«Agriculture, Pêcherie, Alimentation Québec», toujours selon l'agent Jacob. L'accusé avait beaucoup de hargne envers les représentants du pouvoir, y compris le ministre Béchard, a-t-on pu apprendre plus tôt dans le procès.

La Couronne, représentée par Me Annie Landreville, a clos sa preuve deux semaines plus tôt que prévu. Le procès reprend devant jury le 20 avril prochain. D'ici là, le juge Jacques Lévesque doit entendre la défense, représentée par Me Jean Desjardins, sur des questions de droit.