En cavale depuis novembre 2006, Giuseppe De Vito est ce que l'on appelle dans le milieu interlope une «grosse pointure». Sans être un membre à part entière de la «famille» Rizzuto, il relevait de Francesco Arcadi et devait verser une commission sur les profits provenant de ses trafics de drogue et autres activités illicites. L'argent était partagé entre les chefs du clan sicilien.

Âgé de 39 ans, De Vito a fait ses classes au sein du clan de feu Paolo Gervasi, actif dans le trafic de drogue, les paris et le jeu clandestin. De Vito est aujourd'hui considéré par la police comme un acteur important de la mafia montréalaise. Avec son fidèle ami Alessandro Succapane, il a ses entrées autant chez les motards qu'au sein des autres clans italiens. Le bar Beaches, boulevard Langelier, leur sert de pied-à-terre. De Vito a aussi des intérêts dans divers commerces de l'est de la ville.

 

Dans les documents rendus publics en marge de l'opération Colisée, De Vito fait partie des participants au complot général de narcotrafic qui s'est déroulé du 1er janvier 2004 au 10 mai 2006. Il serait notamment compromis dans une importation de 218 kg de cocaïne, à la fin de janvier 2005. Envoyée d'Haïti, la drogue a été saisie par la GRC. Elle était cachée dans le couvercle d'un conteneur à bagages que des employés de l'aéroport Montréal-Trudeau avaient vainement tenté de récupérer.

Cette saisie avait provoqué un conflit interne que De Vito et Succapane avaient été chargés de régler. L'affaire s'était rendue jusqu'à Nicolo Rizzuto et Francesco Arcadi. Les caméras secrètes que la police avait placées au Club social Cosenza, quartier général du clan sicilien, rue Jarry, ont permis de voir De Vito en grande discussion avec les deux chefs mafieux et leurs lieutenants. À entendre les échanges entre Arcadi et De Vito, il apparaît que celui-ci savait tenir son bout.

Surnommé «Ponytail», en raison de sa queue de cheval, De Vito est l'un des rares suspects qui a échappé à la rafle du 22 novembre 2006. Selon les policiers, il bénéficierait de complices de premier plan pour se cacher. Des personnes de son entourage laissent entendre que l'effroyable drame qui frappe sa famille pourrait l'inciter à se livrer. S'il ne l'a pas fait jusqu'à maintenant, chuchote-t-on entre les branches, c'est justement parce qu'il savait sa femme malade et en grande détresse.