Malgré sa nature «intimidante», ses allées et venues en pleine nuit et la caméra de surveillance qui trônait en permanence au-dessus de la porte de son domicile, les voisins de Gérald Gallant étaient loin de se douter qu'ils côtoyaient l'un des plus grands tueurs à gages de l'histoire du Québec.

Arrivé rue Benoît en 1988 avec sa conjointe, Claudine Bertrand, Gérald Gallant était, selon ses voisins, un homme très secret qui n'appréciait pas le bruit ni d'être dérangé. Il changeait fréquemment de voiture mais la choisissait toujours de couleur sombre avec des vitres teintées.

 

«Il régnait en maître sur le quartier, personne n'aurait jamais osé l'écoeurer, a expliqué un habitant du quartier qui a demandé l'anonymat. Mais de là à penser qu'il aurait descendu le fils du chef de la mafia... C'est renversant.»

«Mettons qu'il intimidait le voisinage pour que ça marche à sa manière», a ajouté un autre voisin, âgé de 19 ans. «Très jeune j'ai été prévenu de ne pas faire de niaiseries près de son terrain. Il y a quelques années, il a intimidé ma mère durant plusieurs mois pour qu'on n'installe pas mon panier de basketball près de sa maison. Son regard était méchant.»

Gérald Gallant a été arrêté en Suisse en mai 2006 pour une affaire de fraude. Dans la foulée de cette arrestation, il aurait avoué avoir commis 26 meurtres, ce qui aurait provoqué son rapatriement au Québec.

«En 2006, ça nous avait complètement jetés par terre, on ne s'en serait jamais doutés», a affirmé une voisine, Laurie Girard. «C'était quelqu'un qui semblait normal, même si on se demandait souvent pourquoi il y avait une caméra de surveillance devant sa maison. Nous avions de bonnes relations avec lui, même s'il n'appréciait pas beaucoup qu'on organise des partys une fois de temps en temps.»

Selon Laurie Girard, la conjointe de Gallant, Claudine Bertrand, a rapidement bénéficié d'un programme de protection de la police: «Après l'arrestation de Gérald, elle est venue récupérer quelques affaires et on ne l'a plus jamais revue.»

Les citoyens de Donnacona ébranlés

La vaste opération policière menée hier aux quatre coins de la province en lien avec les meurtres commis par Gérald Gallant a de nouveau secoué les habitants de Donnacona.

«Tout le monde est incrédule et mal à l'aise par rapport à la situation. Savoir qu'il y a eu un tueur à gages parmi eux, ça ébranle une population de 6000 âmes», a confié le maire de Donnacona, André Marcoux.

Le maire, qui est ironiquement l'ancien responsable des enquêtes sur les crimes contre la personne à la Sûreté du Québec, a connu Gallant dans les années 90, notamment lorsqu'il a travaillé dans l'escouade Carcajou durant la guerre des motards.

«Sans trop vous en dire, il avait des relations avec le milieu criminel dans le temps où j'étais policier.»

Il a toutefois affirmé qu'il était loin de se douter de son emploi du temps. «C'était un gars très discret, il pouvait passer inaperçu n'importe où. Il n'avait pas beaucoup de relations.»

Gérald Gallant était également un grand amateur de vélo. Selon plusieurs témoins, il pouvait faire plusieurs heures de bicyclette par jour. Hier, sa compagne de randonnée, Jacqueline Benoît, était toujours recherchée par les policiers pour deux accusations de meurtre, une accusation de tentative de meurtre et pour complot en vue de commettre un meurtre.

«C'est surtout éprouvant pour la famille Benoît, une famille très respectable que je connais depuis plusieurs années, a ajouté le maire Marcoux. Mais pour ce qui est des arrestations d'aujourd'hui, c'est une grande victoire policière.»