Le mari de Nancy Michaud, Daniel Casgrain, a rendu un témoignage troublant ce matin au procès de Francis Proulx au palais de justice de Québec. L'homme de 43 ans avait la voix étranglée par l'émotion. Il a dû faire plusieurs pauses, retenant difficilement ses larmes.

Il a raconté en détails la dernière journée où il a vu sa conjointe vivante. À son retour du travail, vers 2 h 30 du matin, il a suivi la voiture de Francis Proulx dans le village de Riviere-Ouelle avant de découvrir que sa femme avait disparu. Proulx, 29 ans, est l'homme accusé du meurtre prémédité de sa femme. «Il y avait une petite voiture en avant de moi. Je n'ai pas porté attention parce que je la voyais souvent. La voiture a accéléré devant moi. C'était la Suzuki Swift de Francis Proulx», a-t-il témoigné. M. Casgrain a dîné avec sa conjointe plus tôt cette journée-là dans leur résidence de Riviere Ouelle. «Je l'avais trouvé tellement belle, a-t-il raconté, la voix chevrotante. Sa femme s'était fait couper les cheveux la veille. « Je l'avais serrée dans mes bras (...) C'était mon dernier câlin.»

Peu avant 16 h, ils se sont recroisés brièvement à la maison. Mme Michaud était pressée. L'attachée politique du ministre Claude Béchard organisait une conférence de presse à 16 h à la salle communautaire du village. «On n'a pas eu le temps de s'embrasser. C'est la dernière fois que je l'ai vue», a déploré M. Casgrain. Ce travailleur de nuit est rentré chez lui peu après 3 h du matin. La porte d'entrée avant de la résidence n'était pas bien fermée. Ses deux garçons âgés de deux et sept ans dormaient dans leur chambre. L'un d'eux avait mouillé son lit. Nancy Michaud, elle, n'était pas dans son lit comme d'habitude. «Nancy aimait tellement ses enfants. Ça ne se pouvait pas qu'elle les ait laissé tout seuls», a raconté M. Casgrain. Il a alerté sa belle-mère et la police. Deux jours plus tard, le corps de la mère de famille de 37 ans a été découvert sans vie, nu et ensanglanté, dans le sous-sol d'une maison abandonnée de Riviere-Ouelle.

L'aîné de Nancy Michaud, Charles-Antoine, sept ans, s'est réveillé vers minuit le 15 mai. Il a entendu deux voix, dont celle de sa mère. «Ça brassait dans la maison», a raconté l'enfant aux enquêteurs. Son témoignage a été déposé en cour ce matin. Il a aussi entendu deux coups dans la cuisine, puis il s'est rendormi. Il s'est réveillé à nouveau vers 4h30 du matin. «Son papa pleurait.»

Le procès se poursuit cet avant-midi avec un nouveau témoin. M. Casgrain n'a pas été contre-interrogé par la défense.