Quelques jours avant le meurtre de Nancy Michaud, Francis Proulx a acheté des menottes et des objets fétichistes dans une boutique érotique de Québec.

Une paire de menottes à l'aspect métallique a bel et bien été retrouvée dans le sous-sol de la maison abandonnée de Rivière-Ouelle où Nancy Michaud a été découverte sans vie, une balle dans la tête, en mai dernier.La paire de menottes avait été mise dans une épuisette, parmi des objets pêle-mêle jonchant le sol sablonneux de cette cave sombre.

C'est ce qu'a indiqué un technicien en scène de crime de la Sûreté du Québec venu témoigner, hier, au procès du présumé meurtrier de Nancy Michaud, au palais de justice de Québec. Francis Proulx, 29 ans, est accusé du meurtre prémédité de l'attachée politique du ministre Claude Béchard, survenu le 15 ou le 16 mai 2008 à Rivière-Ouelle dans le Bas-Saint-Laurent.

La facture de la boutique érotique «L'amour du plaisir» a été déposée en preuve, hier. Les menottes ont aussi été présentées au jury. Le technicien judiciaire Gaétan Ringuette a trouvé cette facture au fond d'un sac de plastique rempli d'essuie-tout imbibés de sang. Les policiers ont mis la main sur ce sac en faisant une battue dans un bois du village à la recherche de Nancy Michaud. Le corps de Mme Michaud a été retrouvé deux jours après le signalement de sa disparition, dans une maison abandonnée, à trois kilomètres de sa résidence sur la route 132 à Rivière-Ouelle.

Son corps a été traîné sur le plancher à travers la maison abandonnée jusqu'à la chambre à coucher. Sur le lit défait, d'«énormes» taches de sang étaient dissimulées sous deux oreillers, a raconté le policier. Une statuette de saint Joseph était posée sur une commode de la chambre. Et une boîte de chocolats en forme de coeur traînait par terre. Sous le lit, il y avait beaucoup de morceaux de papier toilette utilisés et un sac contenant une cagoule noire. Sur le cadre de porte de cette chambre, une empreinte digitale de Proulx a été relevée.

Au lendemain de la découverte du corps, les policiers de la SQ ont aussi saisi un revolver de calibre 22 dans un vieux hangar du village. Le revolver était entreposé dans une mallette noire dans laquelle il y avait quelque 300 balles et quatre douilles vides percutées. Cette arme a été montrée aux 12 jurés. La Couronne n'a pas dévoilé pour l'instant à qui appartiennent le hangar et l'arme.

Depuis le début du procès la semaine dernière, les deux premiers témoins de la Couronne, des techniciens en scène de crime de la SQ, décrivent une par une les centaines de photos prises sur les lieux du meurtre. Les policiers ont longuement décrit certaines photos, avant de conclure qu'elles ne révélaient rien de pertinent pour la preuve. Cela a fait sourciller le juge Jacques Lévesque à plusieurs reprises. En fin de journée hier, le technicien était sur le point de décrire les photos prises dans le sous-sol de la maison abandonnée où le corps a été retrouvé, lorsque le magistrat a décidé d'ajourner. Il a invoqué la «capacité d'absorption» des jurés pour remettre cela à ce matin. L'accusé est très attentif à toutes ces photos.

Proulx est toujours vêtu de la même façon: un ample chandail noir à manches longues et un pantalon bleu foncé. Son procès devrait durer de six à huit semaines.