Excellent en sports, excellent dans ses études, excellent en relations publiques et valeureux au travail. Malgré son jeune âge, Mathieu Razanakolona rayonnait et semblait suivre un parcours parfait. Jusqu'à ce qu'il accepte de participer à une fraude contre les caisses Desjardins qui, de surcroît, l'employaient. Il pourrait maintenant aller en prison.

De 18 à 24 mois de prison fermes, c'est ce qu'a réclamé la procureure de la Couronne Céline Bilodeau, hier après-midi, dans le cadre des plaidoiries qui avaient lieu devant le juge Claude Millette, au palais de justice de Montréal.

 

M. Razanakolona, 22 ans, a participé à une fraude de 482 000$ à l'égard des caisses Desjardins en juin 2007, alors qu'il y travaillait comme caissier à temps partiel. Il a plaidé coupable. Son crime s'est produit en trois jours, soit les 19, 20 et 22 juin 2007. Pendant ses heures de travail, il a relevé les dates de naissance de clients des caisses Desjardins et les a transmises à un réseau de fraudeurs qui avaient cloné des cartes de débit dans une station-service. En possession de la date de naissance du sujet, les fraudeurs pouvaient retirer jusqu'à 1000$ au guichet automatique, plutôt que le maximum de 280$ s'ils ne connaissent pas la date de naissance. Les accusations concernent le clonage de 512 cartes de débit qui ont permis le retrait frauduleux d'environ 483 000$.

«Il y a 308 000$ attribuables à l'accusé», a fait valoir Me Bilodeau, hier. Le jeune homme affirme n'avoir pas reçu un cent pour sa peine. En fait, il s'est fait prendre rapidement.

M. Razanakolona avait commencé à travailler comme caissier à la caisse populaire de Sainte-Geneviève à l'âge de 17 ans, soit environ trois ou quatre ans avant les faits. De son propre aveu, il avait été contacté pour participer à ce type de fraude en 2006, mais il avait refusé. On lui offrait 100$ par date de naissance. Quand la seconde offre est arrivée, en 2007, il a accepté. Il soutient qu'il ne connaît pas les gens qui lui ont proposé le marché. Une seule autre arrestation a été faite dans le cadre de cette affaire.

Né au Québec en 1986 d'une mère québécoise et d'un père malgache, M. Razanakolona a beaucoup fait parler de lui quand il est allé représenter Madagascar aux Jeux olympiques de Turin, comme skieur, en 2006. Il s'était classé 39e sur 41. Il a donné des conférences dans les écoles pour encourager les jeunes à persévérer. Le jeune homme, qui mesure tout juste 5 pieds 5 pouces, joue également au football depuis quelques années. Il évolue dans les Carabins de l'Université de Montréal.

Surprise

Son entraîneur depuis six ans, Marc Santerre, qui est aussi avocat, a témoigné en sa faveur, hier. Le jeune homme, qui finit ses études à HEC Montréal cette année, travaille fort, persévère et réussit encore en tout. M. Santerre a dit qu'il avait été «estomaqué» d'apprendre les accusations portées contre le jeune athlète. Au moment des faits, l'accusé était apparemment en peine d'amour.

L'avocat de l'accusé, Me Robert Polnicky, estime qu'une peine à purger dans la communauté est indiquée dans le présent cas. L'accusé regrette amèrement ses gestes qui, par ailleurs, mettent en péril son rêve d'être admis dans l'Ordre des comptables agréés.

Le juge Millette rendra sa décision le 9 avril.