À peine sorti de prison pour avoir proféré de menaces de mort contre la DPJ, Mario Morin a récidivé. Ce père de 41 ans est «prêt à tout» pour voir sa fille de neuf ans dont il n'a jamais eu la garde. Son idole : Marc Lépine, le tueur de Polytechnique.

C'est ce qui ressort des représentations sur sentence du procureur de la Couronne, Sacha Blais, plaidées aujourd'hui au palais de justice de Longueuil.  

Mario Morin a décidé de couper court au processus judiciaire ce matin en se reconnaissant coupable d'avoir proféré des menaces de mort contre trois employés de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). C'est sa onzième condamnation pour menaces de mort. Il a passé l'équivalent de sept des huit dernières années en prison en raison de son obsession de rencontrer sa fille.

 

En mai 2006, Mario Morin avait écopé de 20 mois de prison pour avoir grimpé dans la structure d'un panneau publicitaire en bordure du pont Jacques-Cartier, bloquant la circulation sur le pont pendant des heures. Il a aussi déjà fabriqué un cocktail Molotov pour faire brûler un bureau de la DPJ.

 

Incarcéré, Morin a menacé un travailleur social de «l'enterrer vivant». À sa sortie de prison en janvier 2008, il n'a qu'un seul but en tête : ravoir sa fille. Peu de temps après, il a marché de Montréal vers Québec pour manifester contre la DPJ. Durant cette période, à chaque rencontre avec son agent de probation, il a tenu des propos inquiétants. Propos qui ont mené à son arrestation le 16 octobre dernier. M. Morin répétait que le «système» devait lui rendre sa fille avant la «date butoir» du 21 octobre, jour de naissance de son enfant. «Faites ce que vous avez à faire, le compte à rebours est commencé», a-t-il dit à son agent de probation, Yves Désourdy.

 

La Couronne a diffusé aujourd'hui l'interrogatoire de la police de Longueuil fait au moment de son arrestation en octobre dernier au cours duquel Morin perd patience. «J'ai la permission d'en haut de tuer», a-t-il dit aux policiers. Il a alors menacé de se venger contre trois employés de la DPJ qui avaient déjà traités son dossier s'il arrivait quelque chose à sa fille. «Si vous me présentez une fille morte, je vais tuer trois personnes», a-t-il ajouté. Cet interrogatoire a convaincu la Couronne de porter les quatre chefs d'accusation de menaces de mort et de menace envers un immeuble auxquels Morin a plaidé coupable aujourd'hui.

 

«Mario Morin est concentré uniquement sur ses souffrances et c'est ce qui me fait penser qu'il pourrait disjoncter, perdre la carte (...) Il veut que la société sache qu'il souffre «, est venu témoigner son agent de probation, M. Désourdy.

 

Les employés de la DPJ qui ont dû traiter le dossier de M. Morin ces dix dernières années ont peur de lui, a expliqué le procureur de la Couronne, Me Blais. Certains ont même été en arrêt de travail, traumatisés par les menaces répétées. «M. Morin me cherchait partout et voulait me tuer», a témoigné une employée dans un autre dossier de menaces pour lequel Morin a été déjà été jugé.

 

Au moment de rendre sa sentence pour l'événement du pont en 2006, la juge Ellen Paré avait déjà émis une mise en garde contre la «dangerosité future de l'accusé» et son «risque de récidive aggravé». La Couronne a proposé cet après-midi une peine d'emprisonnement de trois ans auquel on doit soustraire l'équivalent de dix mois purgés en détention préventive. La défense, représentée par Alexandre Paradis, a recommandé une peine de 22 mois, moins la détention préventive, soit 12 mois de prison. Me Paradis a plaidé que M. Morin avait «cheminé» depuis l'événement du pont. Et que les dernières menaces proférées étaient des «menaces indirectes», et non des menaces directes, comme les fois précédentes. «M. Morin a la qualité de son défaut. C'est un monsieur entêté. Il ne lâche pas», a ajouté l'avocat de la défense. Le juge Yvon Roberge prononcera sa sentence le 26 mars.

Précision

FATHERS-4-JUSTICE

Le 12 mars 2009, Cyberpresse publiait un article portant sur le procès de Mario Morin intitulé « Un « Father for justice » menace de mort des employés de la DPJ ». Or, il a été porté à notre connaissance que M. Morin n'est pas associé à l'organisme Fathers-4-Justice.

Le titre du présent d'article est maintenant «Un homme menace de mort des employés de la DPJ». Nos excuses.