Reconnu coupable le mois dernier d'avoir financé et facilité des actes terroristes, Momin Khawaja a été condamné à une peine de prison de 10 ans et demi, jeudi.

Selon le juge Douglas Rutherford, de la Cour supérieure de l'Ontario, Khawaja «a été un participant convaincu et ardent» dans un complot terroriste.Ce verdict signifie que Khawaja ne sera pas admissible à une libération conditionnelle avant au moins cinq ans. La peine d'emprisonnement s'ajoute aux cinq ans que Khawaja a déjà passés derrière les barreaux.

Khawaja, un informaticien âgé de 29 ans originaire d'Ottawa, avait fourni argent, hébergement et d'autres installations à des extrémistes islamiques britanniques. Il les avait également aidés à s'entraîner dans un camp isolé du Pakistan.

Il avait également été trouvé coupable d'accusations liées à la fabrication d'une télécommande pouvant déclencher des bombes à distance, malgré qu'il n'y ait pas eu de preuve suffisante indiquant que Khawaja savait que cet appareil devait être utilisé pour commettre un attentat à la bombe à Londres.

Il avait plaidé non coupable aux accusations et son procès s'était tenu devant juge seul.

Khawaja a été le premier citoyen canadien appréhendé - et maintenant le premier condamné - selon la Loi antiterroriste canadienne, mise de l'avant après les attaques du 11 septembre 2001 aux États-Unis.

Cette loi avait également été invoquée dans le cas d'une présumée attaque à la bombe impliquant 18 individus, à Toronto, il y a trois ans. Mais la plupart de ces dossiers se trouvent encore devant les tribunaux.

Cinq associés de Khawaja, dont le chef de groupe Omar Khyam, ont été reconnus coupables à Londres et condamnés à la prison à vie.

Khawaja a été arrêté en 2004 à la suite d'une spectaculaire opération policière, mais des embûches juridiques, incluant une contestation selon la Charte des droits libertés, avaient retardé le début du procès jusqu'en juin 2008. Il a été reconnu coupable en octobre et les procureurs avaient complété leurs plaidoiries le mois dernier.

Me David McKercher, le procureur de la Couronne, avait dépeint Khawaja comme un homme dépourvu de remords et ayant consacré sa vie à planifier des actes de violence. De son côté, Me Lawrence Greenspon, l'avocat de la défense, l'avait plutôt décrit comme un jeune homme en colère qui voulait combattre aux côtés des insurgés afghans mais qui ne voulait pas tuer des civils.

Les suggestions de sentences présentées par les deux procureurs au juge Rutherford avaient été tout aussi différentes. Selon l'avocat de Khawaja, ce dernier ne méritait pas plus que sept ans et demi de prison, et comme il avait déjà passé presque cinq ans derrière les barreaux, ce qui équivaut au double dans la plupart des cas, il méritait d'être libéré.

De son côté, la Couronne souhaitait que Khawaja ne soit jamais remis en liberté et qu'il écope de deux sentences d'emprisonnement à perpétuité et d'une peine additionnelle de 44 à 58 ans pour les autres offenses.

Le juge Rutherford n'a pas semblé impressionné par la demande de Me Greenspon de ne pas se prêter aux exigences du public en imposant une peine sévère à son client. Par ailleurs, le magistrat ne s'est pas attardé aux efforts du procureur de la Couronne d'établir des parallèles entre cet incident et d'autres épisodes de détournements d'avions et de bombardements.

Me Greenspon a rappelé au tribunal que Khawaja avait été acquitté dans l'affaire de complot en Grande-Bretagne et qu'il n'avait jamais été démontré que la télécommande avait bel et bien été utilisée pour déclencher les explosions.

«Vous ne pouvez ignorer le fait que ces objets avaient été construits pour causer de lourds dégâts», lui a fait remarquer le juge Rutherford.