Les deux policiers de Montréal impliqués dans la mort du jeune Fredy Villanueva, Jean-Loup Lapointe et Stéphanie Pilotte, ne veulent plus que leurs noms soient diffusés dans les médias.

Leurs avocats, Me Gérald Soulière et Me Pierre Dupras, présenteront cette requête au juge Robert Sansfaçon, le 8 avril au palais de justice de Montréal. D'ici à ce que le juge tranche la question, les médias peuvent toujours les identifier.

Les noms des deux policiers ont déjà été largement diffusés, notamment lorsque le directeur des poursuites criminelles et pénales a décidé qu'aucune accusation criminelle ne serait déposée contre eux.

Leurs avocats font cette demande en prévision du début de l'enquête publique du coroner sur les circonstances du décès du jeune Villanueva, prévue à la fin mai, où les deux policiers devront témoigner. Le juge Sansfaçon présidera cette enquête publique à titre de coroner ad hoc.

Les avocats des policiers veulent que «leurs clients ne soient plus identifiés dans les médias, de même que tout élément permettant de les identifier, y compris des photos, ne soient ni diffusés ni publiés», a indiqué le Bureau du coroner dans un communiqué diffusé hier. Ni Me Soulière ni Me Dupras n'ont rappelé La Presse, hier.

De leur côté, les avocats de la famille Villanueva vont contester cette requête. «Encore une fois, les policiers se pensent au-dessus de la loi. Alors que le citoyen doit témoigner à visage découvert, les policiers, eux, veulent une forme d'immunité», a critiqué Me Alain Arsenault. Ce dernier n'est pas surpris par la requête. «Les avocats des policiers ont les moyens illimités de faire des requêtes avec les fonds publics», a-t-il ajouté.

Me Arsenault est l'un des avocats des deux jeunes blessés lors de l'intervention policière du 9 août dernier qui devront aussi témoigner à l'enquête publique. Les deux blessés réclament au ministère de la Sécurité publique du Québec de payer les honoraires de leurs avocats, comme le Ministère a déjà consenti à le faire pour l'avocat de la famille Villanueva.

Les policiers et leur employeur, la Ville de Montréal, font également l'objet de deux poursuites civiles. Atteints chacun d'une balle, Denis Meas et Jeffrey Metellus Sagor ont intenté une poursuite de 810 000$ contre eux. La famille Villanueva a quant à elle intenté une poursuite de 990 000$. La mort de Fredy Villanueva, tué par balle, a provoqué une violente émeute à Montréal-Nord, dans la nuit du 10 au 11 août dernier.

Autocollants dérangeants

Par ailleurs, à quelques jours de la manifestation annuelle contre la brutalité policière, des autocollants accusant le policier Jean-Loup Lapointe de «flic-assassin» dérangent les agents du SPVM.

Les autocollants le traitant de «flic-assassin» ont été collés ces derniers jours un peu partout dans le métro de Montréal et à l'extérieur, autour des édicules. Une photo de l'agent y apparaît, avec le texte suivant: «Jean-Loup Lapointe. Profession: flic-assassin. Employeur: SPVM. Syndicat: FPPM (Fraternité des policiers et policières de Montréal). Encore en service malgré le meurtre de Fredy Villanueva.»

Le texte de l'autocollant se termine par une invitation à participer à la 13e manifestation annuelle contre la brutalité policière, qui aura lieu dimanche, à 14h, à la station de métro Mont-Royal.

En début d'après-midi hier, des policiers ont été vus par Cyberpresse en train d'essayer d'enlever ces autocollants sur un téléphone public situé face à la station de métro Mont-Royal.

Le Collectif opposé à la brutalité policière, qui organise la manifestation de dimanche, affirme que les autocollants ne sont pas de son cru. «Ce sont des individus indépendants de nous qui les ont a faits, mais nous sommes entièrement en accord avec leur démarche», a indiqué la porte-parole, Gabrielle Potvin.

«Nous considérons qu'il est très légitime de publier des photos montrant le visage d'un policier qui a commis une faute. De toute façon, la photo du policier a déjà amplement été diffusée par les médias», a ajouté Mme Potvin.

Le Collectif contre la brutalité policière entend tenir une conférence de presse vendredi, devant les locaux de la Fraternité des policiers et policières de Montréal, pour annoncer sa manifestation de dimanche. De son côté, la Fraternité ne veut pas faire de commentaires sur cette affaire pour l'instant. «Nous allons observer le déroulement de la manifestation», s'est contenté de dire son porte-parole, Martin Viau.

L'année dernière, la manifestation contre la brutalité policière s'est soldée par l'arrestation de 38 personnes. Plusieurs fenêtres d'immeubles et de véhicules ont été fracassées lors de l'événement.