Devenu un haut lieu du trafic de drogue à Otterburn Park, sur la Rive-Sud, le bar Au Petit Canot s'est vu confisquer ses permis pour au moins six mois. Détenu depuis le 24 septembre dernier à la suite d'un raid-surprise de la Sûreté du Québec, le tenancier, Mohammed Arif, a appris en prison la décision de la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJQ).

Outre Arif, quatre employés de l'établissement, dont une serveuse, ont été mis en accusation en Cour du Québec. Au cours de plusieurs jours d'enquête, des agents doubles ont pu acheter de la cocaïne une douzaine de fois. Au moment de clore l'enquête, indique la RACJQ dans son rapport, les policiers en étaient à négocier non pas au «point» et au gramme, mais à l'once. En échange de 5lb de cannabis, Arif était prêt à leur refiler 4oz de cocaïne, d'une valeur de quelques milliers de dollars.

 

À en croire l'un des enquêteurs, les suspects n'ont pas été faciles à épingler, car ils étaient rusés et fort bien organisés. Arif était le chef du réseau. Le jour, c'est le gérant du bar Au Petit Canot qui s'occupait de la vente de stupéfiants. Il utilisait un téléphone mobile enregistré au nom de la femme d'Arif. Les trois autres employés prenaient la relève le soir. Les clients passaient leurs commandes sur place ou par téléphone. La drogue leur était remise discrètement au bar, ou livrée dans des lieux publics ou directement à la maison.

La cocaïne était d'une telle qualité que les policiers de la SQ soupçonnent qu'Arif s'approvisionnait «presque à la source», a noté le sergent-détective Martin Bessette quand il a témoigné devant le tribunal de la RACJQ. Il a expliqué que, d'après les tests de laboratoire, la pureté de la cocaïne vendue Au Petit Canot variait de 70 à 96%. En temps normal, la cocaïne vendue dans la rue est pure à moins de 30%, car elle est «coupée» à plusieurs reprises d'un mélange de succédanés.

Lors d'une perquisition, les policiers ont trouvé 136 sachets de cocaïne, 26,3g de marijuana et 3,6g de cocaïne en vrac. La drogue était mise en sachets dans un petit local à l'arrière du bar du chemin des Patriotes. Sans compter les plaintes du voisinage à cause du bruit, l'endroit a aussi été le théâtre de quelques bagarres au cours des dernières années.

Âgé de 44 ans, Arif est accusé de complot, de possession et de trafic de drogue et de possession d'une imitation d'arme dans un dessein dangereux. Il est détenu depuis son arrestation et doit revenir devant le tribunal le 9 mars.