Condamnée pour trafic de marijuana et recyclage d'argent sale, Annie Arbic a beau avoir fait tous les efforts voulus depuis son incarcération il y a 13 mois, elle vient de se faire dire non par la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC). Élevée dans la ouate au domaine de sa mère, à Kanesatake, elle se soucie encore trop peu des gens qu'elle fréquente, estime le tribunal correctionnel.

Advenant qu'elle ait été libérée, la jeune femme de 23 ans souhaitait rentrer chez elle, sans passer par une maison de transition. Il n'était pas question de s'éloigner de sa mère, Sharon Simon, emprisonnée avec elle à la prison des femmes de Joliette, ni de laisser tomber son nouvel amoureux, un membre influent de la nouvelle génération de Hells Angels. Anciennement du défunt gang des Death Riders, Martin Robert, 34 ans, en mène large dans les Basses-Laurentides. Étant donné ses accointances avec les motards et sa longue feuille de route, il lui est interdit de visiter Annie Arbic en prison.

 

De l'avis des commissaires, cette relation demeure très préoccupante, car susceptible de la ramener sur la voie du crime à la moindre occasion. Ils sont d'autant plus sceptiques qu'Annie Arbic persiste à dire qu'elle peut rester sage, tout en passant ses jours «avec quelqu'un prônant des valeurs criminelles». C'est là, selon eux, un signe flagrant d'immaturité et de pensée magique qui lui laisse croire que le seul effet de l'incarcération est suffisant pour la dissuader de récidiver.

«Vous demeurez fragile et vulnérable puisque vous êtes incapables de voir les situations à risque dans lesquelles vous pourriez vous retrouver», indiquent les commissaires en l'invitant à approfondir sa réflexion sur le sujet. Elle en est presque au tiers d'une peine de 42 mois qui lui a été infligée au début de l'année 2008 pour son implication dans le narcotrafic de marijuana aux États-Unis. Le réseau était dirigé par sa mère. Surnommée «la reine de Kanesatake», Sharon Simon a écopé de 50 mois de pénitencier, à l'automne 2007. Elle est détenue depuis son arrestation en juin 2006.

À ses premiers démêlées avec la justice, Annie Arbic a participé à divers programmes de réhabilitation dès son arrivée en prison, aux côtés de sa mère. Décrite comme une femme déterminée, elle est en voie de faire ses études secondaires. Une fois libérée, elle projette d'aller à l'université. Elle a profité de permissions de sortie pour raffermir ses liens avec son père. Ce dernier lui rendait également visite en prison.

À l'issue de l'audience de la CNLC, le 18 février, elle s'est effondrée en apprenant qu'elle ne pourrait recouvrer la liberté. Elle peut en appeler de la décision. Autrement, il lui faudra attendre de six mois à un an avant de faire une nouvelle demande de libération conditionnelle.