Yvan Cech a joué le tout pour le tout et... perdu. Depuis le box des accusés du palais de justice Gouin, le caïd de 65 ans a écouté impassible, hier, le juge Guy Cournoyer rejeter ses demandes d'annuler les accusations de gangstérisme ainsi que d'importation et de trafic de drogue portées contre lui - auxquelles il a pourtant plaidé coupable - à la suite de son expulsion de la République dominicaine.

Au lieu d'être libre comme l'air, Cech risque maintenant une longue peine d'emprisonnement. Les plaidoiries sur la sentence auront lieu le 27 février.

 

Les deux comparses punis

Dès hier, ses deux principaux comparses, Atilio Martinez et Richard Sanschagrin, ont été condamnés à neuf et 12 ans de pénitencier. Aucun des deux n'était concerné par les requêtes en arrêt des procédures présentées par Cech.

En comptant pour le double les 33 mois de détention qu'ils ont purgés depuis leur arrestation le 11 mai 2006, Martinez et Sanschagrin ont pris le chemin de la prison hier, l'un pour trois ans et demi et l'autre pour six ans et demi. Âgé de 57 ans, Sanschagrin, qui s'est reconnu coupable de gangstérisme, devra en outre purger la moitié de sa peine avant d'être admissible à une libération conditionnelle. Quant à Martinez, 47 ans, il pourrait, théoriquement, sortir au sixième de sa peine.

Initialement, Sanschagrin et Martinez avaient demandé que le tribunal calcule en triple la période de détention préventive qu'ils ont passée dans des secteurs dits de haute protection. Le premier parce qu'il est un ancien policier et Martinez parce qu'il a craint pour sa vie en apprenant que son beau-père, Yvan Cech, avait commencé à collaborer avec la police.

«En soustrayant 33 mois additionnels, il en résulterait une sentence inappropriée qui ne servirait pas l'intérêt public et discréditerait le système de justice en raison de sa clémence exagérée», a souligné le juge Cournoyer pour expliquer son refus.

Le juge Cournoyer a également écarté les deux requêtes en arrêt de procédures réclamées par Yvan Cech. Celui-ci contestait les circonstances de son expulsion de la République dominicaine et de son rapatriement à Montréal. Tout en exprimant certaines réserves quant au déroulement du processus d'extradition, le juge n'en a pas moins conclu que l'arrestation de Cech était légale. Au lendemain de son retour à Montréal, il a pu consulter un avocat.

Selon le juge, son adhésion au programme de témoins repentis a été libre et volontaire. Il a fait volte-face trois mois plus tard, après avoir fait pas moins de 29 déclarations à la police.

Plaidoyer de culpabilité

Le 10 décembre dernier, alors que s'instruisait son procès devant un jury, il a soudainement décidé de plaider coupable à des accusations d'importations et de trafic de cocaïne, ainsi que de gangstérisme.

De la République dominicaine, il négociait avec des fournisseurs colombiens l'envoi de quantités massives de cocaïne au Québec. La drogue arrivait par bateau dans des lingots d'aluminium. Elle était en grande partie achetée par les Hells Angels. Sanschagrin s'occupait de la réception, tandis que Martinez, qui tenait un bureau de change rue Jean-Talon, faisait la livraison et collectait l'argent.