Le profilage racial ne fonctionne pas mieux que les contrôles aléatoires, selon une nouvelle étude américaine. Pendant que les policiers, les contrôleurs ou les douaniers s'attardent aux ressortissants de pays suspects, ils laissent passer des gens dangereux à l'apparence anodine.

«Octroyer davantage d'attention à certaines personnes sur la base de l'origine ethnique ne fonctionne que s'il s'agit de personnes qui sont 100 fois plus susceptibles de commettre des crimes, par exemple une personne qui tente d'embarquer sur un avion avec un grand couteau», explique l'auteur de l'étude parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, William Press, de l'Université du Texas. «Comme on enlève des contrôles sur le reste des personnes, le gain vaut rarement la peine.»

 

M. Press est un statisticien spécialiste des événements rares. Il a eu l'idée de son étude en revenant d'un congrès où il avait discuté de la détection des séquences d'ADN anormales. L'attente en file aux fouilles de l'aéroport lui a fait réaliser que le profilage racial était un phénomène similaire: les terroristes sont très rares, même chez les immigrants provenant de pays musulmans.

En gros, M. Press a estimé qu'il fallait faire la racine carrée du risque accru pour savoir comment augmenter la fréquence des contrôles pour la population à risque. Par exemple, si les ressortissants d'un pays sont neuf fois plus susceptibles que les Canadiens d'être des terroristes, il faudrait que les douaniers et les contrôleurs des aéroports canadiens les fouillent trois fois plus souvent.

«Je doute que le profilage racial permette d'augmenter de 10 fois la probabilité de tomber sur un terroriste, dit le statisticien texan. Il s'agit d'événements tellement rares qu'il est difficile d'avoir des chiffres précis. Si on tient compte de l'erreur statistique possible sur les évaluations de risques, le profilage racial est tout simplement contre-productif.»

Pas au Canada

Le gouvernement canadien se défend de procéder au profilage racial aux frontières. Mais une consultation menée dans quatre villes canadiennes en 2007 par le ministère de la Sécurité publique montre que les ressortissants des communautés ethniques estiment en faire l'objet. La Fédération canado-arabe a condamné les pratiques de sécurité dans les aéroports à la suite de ces consultations.