Le commissaire de la GRC William Elliott a annoncé des règles en apparence plus strictes pour l'utilisation des pistolets Taser. Mais les sceptiques sont loin d'être confondus.

En comité parlementaire hier matin, M. Elliott a déclaré que depuis le 18 juin dernier, ses agents ne sont autorisés à utiliser les Taser «qu'en cas de nécessité dans des situations présentant une menace pour l'agent ou pour la sécurité publique».

 

Le commissaire avait donné un avant-goût de ce changement en décembre 2007, en répondant à un rapport accablant du Commissaire des plaintes du public contre la GRC. «La politique de la GRC sera modifiée afin de [...] limiter l'utilisation de l'arme à impulsions aux situations où le sujet manifeste un comportement agressif ou résiste activement», avait annoncé William Elliott.

Ce rapport faisait suite à une série de décès provoqués par ces pistolets électriques. Plutôt que d'imposer un moratoire, comme le réclamaient des politiciens à Ottawa, le commissaire des plaintes, Paul Kennedy, avait plutôt recommandé de resserrer les critères d'utilisation.

Le commissaire Kennedy n'était toujours pas convaincu que cette recommandation avait été respectée, hier. «La politique utilise des mots un peu vagues, a-t-il dit en entrevue avec La Presse. Et pour cette raison, il est impossible de connaître la conséquence des changements seulement en lisant ces mots.»

Les partis de l'opposition ont eux aussi dénoncé le manque de clarté de la politique évoquée par le commissaire Elliott. «Il y a une énorme ambiguïté et j'imagine un agent de la GRC qui doit prendre une décision en une fraction de seconde s'il doit utiliser le Taser... Quel message reçoit-il? Je ne peux qu'imaginer l'énorme confusion que ça crée», a lancé le critique libéral en matière de Sécurité publique, Mark Holland.

Le fait que William Elliott semble s'être contredit au cours de la même journée ne risque pas d'aider les policiers à y voir plus clair, selon le député.

En effet, au comité parlementaire de la Sécurité publique, hier matin, M. Elliott a déclaré: «La politique révisée de la GRC souligne qu'il y a des risques associés à l'utilisation de l'appareil et met l'accent sur le fait que ces risques incluent la mort, particulièrement pour les individus agités.»

Venant de lui, il s'agissait d'une volte-face d'autant plus surprenante que la position de la GRC et du fabricant du pistolet électrique a été jusqu'ici qu'aucune étude scientifique n'a pu prouver de tels risques.

Mais il s'est ravisé quelques heures plus tard, dans un point de presse improvisé. «Je ne pense pas qu'il y a des preuves que les Taser tuent», a-t-il dit.

Le commissaire des plaintes du public contre la GRC est moins catégorique. «C'est une question qui reste ouverte encore», a-t-il convenu, faisant allusion aux études scientifiques en cours. Mais «c'est clair qu'il y a un risque que le Taser puisse causer la mort».