Guy Lafleur devra subir un procès pour avoir rendu des témoignages contradictoires le 19 septembre 2007. Il s'est vu refusé un arrêt de procédures par le juge Claude Parent. Ce procès se tiendra les 16 et 17 avril prochains.

Dans sa décision, le magistrat se pose la question suivante: Sommes-nous en présence d'un de ces cas exceptionnels, relativement très rares, où la conduite passée reprochée est si grave que le simple fait de poursuivre le procès serait choquant ?

Le juge Parent a répondu non et rejeté la requête de Guy Lafleur. Il a toutefois reconnu que le ministère public avait violé les droits de Guy Lafleur en émettant un mandat d'arrestation visé. C'est l'accusation par sommation qui aurait dû être utilisée.

Rappelons que l'accusation d'avoir livré des témoignages contradictoires découle d'un témoignage rendu par Guy Lafleur dans le cadre d'une enquête sous remise en liberté de son fils Mark, à la fin de l'été 2007. M. Lafleur avait caché que Mark avait découché deux soirs pour aller à l'hôtel avec une nouvelle copine, contrevenant ainsi aux conditions imposées par la cour.

Me Louis Belleau, qui représente le célèbre numéro 10 du Canadien, estimait que le mandat d'arrestation lancé contre M. Lafleur en janvier 2008 était abusif et illégal. Selon lui, la Couronne, la police et le juge qui a signé ce mandat ont commis une erreur, violant ainsi les droits constitutionnels de M. Lafleur. Selon lui, il aurait fallu utiliser l'accusation par sommation. M. Lafleur est un personnage bien connu, facilement trouvable et il n'y avait aucun risque qu'il fasse faux bond à la justice. Par ailleurs, il n'y avait pas d'urgence, puisque l'infraction reprochée (avoir livré des témoignages contradictoires dans le cadre d'une enquête sous cautionnement de son fils) avait été commise plusieurs mois auparavant. Pour Me Belleau, le remède inéluctable pour cette bévue est un arrêt du processus judiciaire.

«Un arrêt des procédures est un remède drastique», qui ne s'applique pas du tout au cas Lafleur, avait opposé Me Lori Weitzman pour la Couronne. D'autant plus que l'arrestation était tout à fait légale, selon elle. «Livrer des témoignages contradictoires, c'est un crime grave, et parce que c'est un acte criminel pur, la loi permet de procéder par arrestation», a-t-elle martelé. Elle a aussi fait ressortir que M. Lafleur s'était rendu au poste de police au moment qui lui convenait, que sa détention n'avait duré que 15 minutes et que tout s'était fait avec respect et dans un souci de discrétion pour protéger sa vie privée. «Il n'y avait aucune intention malveillante, ou intention de nuire », a-t-elle précisé. Elle a aussi indiqué que le crime reproché comptait parmi les plus graves du Code criminel, puisqu'il a été commis devant la cour, et qu'il s'agit d'une attaque du système de justice. Les avocats ont cité une abondante jurisprudence pour étayer leur point de vue respectif.