Les nouvelles sont encourageantes pour Mohamed Kohail, ce Montréalais de 23 ans condamné à la décapitation en Arabie Saoudite. La plus haute instance juridique du pays a ordonné que la sentence prononcée contre lui soit réexaminée.

La nouvelle a été annoncée ces derniers jours dans le quotidien arabe Al-Hayat. Dan McTeague, député libéral fédéral qui tente d'influer sur le sort de Mohamed Kohail, en a fait part aux médias, hier.

 

Le Conseil suprême de la justice de l'Arabie Saoudite a demandé au tribunal de Jeddah de réviser la décision qu'il a rendue en mars 2008. Mohamed Kohail avait été reconnu coupable de meurtre et condamné à la décapitation.

M. Kohail, qui a vécu en banlieue de Montréal de 2000 à 2006, serait impliqué dans le décès d'un Syrien de 19 ans. La victime, Munzer Haraki, serait morte dans la foulée d'une bagarre survenue au printemps 2007 dans une cour d'école d'Arabie Saoudite.

Également impliqué dans l'affaire, le frère cadet de l'accusé, Sultan Kohail, a été condamné à un an d'emprisonnement et à 200 coups de fouet. Il risque lui aussi la peine de mort, puisqu'il aura un nouveau procès. Les frères Kohail sont citoyens canadiens depuis 2005.

Le ministère des Affaires étrangères encouragé

Le ministère des Affaires étrangères du Canada s'est dit «encouragé» par les récents développements. «Toutefois, il ne serait pas approprié de spéculer sur les résultats d'un cas qui est toujours devant la cour», a ajouté Rodney Moore, porte-parole du Ministère.

Peu avant Noël, le secrétaire parlementaire du ministre des Affaires étrangères, Deepak Obhrai, avait passé trois jours en Arabie Saoudite pour discuter du sort des frères Kohail avec des fonctionnaires saoudiens. Le ministre, Lawrence Cannon, avait soulevé la question avec son homologue saoudien au début de décembre.

Interrogé pour savoir si ces efforts diplomatiques avaient un lien avec les récents développements, M. Moore a répondu qu'il n'avait «aucun renseignement à cet effet pour le moment».

Le député Dan McTeague s'est pour sa part réjoui que cette décision accorde du temps au gouvernement fédéral pour négocier en faveur du jeune homme. Il a toutefois déploré que le tribunal chargé de revoir la sentence de Mohamed Kohail soit celui qui l'a condamné il y a à peine un an.

«Il est tout à fait possible que les mêmes juges en arrivent aux mêmes résultats», a-t-il dit.

James Devine, chargé de cours au département de sciences politiques de l'Université Concordia, souligne que la famille royale aura le dernier mot. «En Arabie Saoudite, c'est le roi qui prend les décisions importantes, et personne ne le contredit», a-t-il indiqué.