Le justicier du clan Arcadi. C'est en quelque sorte le rôle que jouait Lorenzo Giordano au sein de la «famille» Rizzuto. Des six accusés du «groupe des dirigeants» épinglés lors de la retentissante opération antimafia de novembre 2006, il est le dernier à avoir reçu sa sentence, hier. À l'instar de Francesco Arcadi et de Francesco Del Balso, il a écopé de la peine la plus sévère: 15 ans de pénitencier.

Dans les faits, le juge Jean-Pierre Bonin, de la Cour du Québec, a officialisé la sentence que le ministère public et la défense avaient annoncée l'automne dernier, à la suite des plaidoyers de culpabilité de Giordano et des cinq autres mafiosi de haut rang de la «famille» Rizzuto. Ce qui est nouveau, et à la fois exceptionnel, c'est que Giordano s'est vu créditer «presque en triple» le temps passé en prison depuis son arrestation en mai 2007, à Toronto, où il s'est caché pendant six mois pour échapper à la justice québécoise.

 

«Si nous avons accepté d'aller jusque-là, c'est que Giordano, pour des motifs de sécurité, a été gardé en isolation depuis 21 mois à la prison de Rivière-des-Prairies. Il a fait du temps plus dur que les autres, et la jurisprudence permet de tenir compte d'une telle situation d'exception», a expliqué devant le tribunal le procureur principal de la poursuite, Me Yvan Poulin.

En soustrayant de la sentence originale l'équivalent de 57 mois de détention préventive, Giordano a entamé hier une peine de 10 ans et 3 mois de pénitencier. Comme il a été condamné pour gangstérisme, il devra purger la moitié de cette peine avant d'être admissible à une libération conditionnelle. Il devra en outre se soumettre à un test d'ADN et ne pas posséder d'armes pour le reste de ses jours. En lieu et place d'un condo que la GRC voulait lui saisir à Laval, il a accepté de remettre 100 000$ à l'État. Cette somme s'ajoute à l'amende de 2,86 millions que les six mafieux montréalais ont payée, en octobre dernier.