Le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, a redit hier que le gouvernement ne paiera pas les honoraires des avocats des familles des blessés lors des événements de Montréal-Nord. «C'est aberrant!» a réagi l'avocat des deux blessés, Jacky-Éric Salvant.

Lors d'une entrevue au journaliste Claude Poirier, sur les ondes de LCN, le ministre Dupuis a répété qu'il n'appartient pas au gouvernement de payer les honoraires d'avocats de Denis Méas et de Jeffrey Segar Metellus, les deux jeunes hommes blessés par les tirs policiers qui ont coûté la vie à Fredy Villanueva, le 9 août dernier. «Je suis un peu fiduciaire de vos impôts, des miens et de ceux qui vous écoutent et là, on ne peut pas multiplier le paiement des frais d'avocats», a dit le ministre Dupuis, qui n'était pas disponible pour répondre aux questions de La Presse, hier.

 

Le gouvernement provincial s'est déjà engagé à payer les frais de représentation juridique de la famille Villanueva. Selon Jacques Dupuis, il s'agit d'une «mesure exceptionnelle» adoptée «par compassion à l'endroit de la famille qui a perdu un fils».

Aberrant, dit l'avocat

L'avocat de MM. Méas et Metellus, Me Jacky-Éric Salvant, a qualifié d'«aberrant» le fait que le ministre Dupuis maintienne ses positions. «Il devrait montrer plus de compassion, plus de sensibilité envers ces jeunes de 18 et 20 ans qui resteront marqués pour le restant de leurs jours», a-t-il dit.

Me Salvant, qui travaille bénévolement, estime qu'il ne faut pas réduire la question à un simple débat d'honoraires juridiques. «C'est un débat sur l'apparence de justice et sur l'équité», a-t-il dit, soulignant que le Service de police de la Ville de Montréal fournissait des avocats aux deux policiers impliqués.

Rappelons que les deux blessés et le frère de Fredy Villanueva, Dany, devront témoigner lors de l'enquête publique du coroner, puisqu'ils ont reçu une citation à comparaître du président de l'enquête, le juge Robert Sansfaçon.

Par ailleurs, le ministre Dupuis a précisé qu'il n'avait pas demandé au juge Sansfaçon de reporter la tenue de l'enquête publique, qui devait débuter le 16 février. Le Bureau du coroner a annoncé vendredi dernier que les audiences étaient repoussées à une date ultérieure afin d'accorder plus de temps aux personnes et aux groupes ayant un intérêt dans l'enquête pour s'y préparer.