L'enquête publique destinée à faire la lumière sur la mort du jeune Fredy Villanueva, tombé sous les balles d'un policier à Montréal-Nord l'été dernier, n'aura pas lieu le 16 février comme prévu. Le Bureau du coroner a annoncé hier que les audiences sont reportées à une date ultérieure afin d'accorder plus de temps aux personnes et aux groupes ayant un intérêt dans l'enquête pour s'y préparer.

Dans les derniers jours, le juge Robert Sansfaçon aurait reçu de nombreuses demandes de la part d'organismes qui souhaitent obtenir le statut de personne intéressée. Ce statut permet à quiconque ayant un intérêt dans une enquête publique d'interroger et de contre-interroger les témoins ainsi que de s'adresser directement au coroner en clôture des audiences.De plus, certaines personnes ayant déjà le statut d'«intéressées» se sont récemment départies de leurs avocats et se représenteront seules. C'est pour leur laisser le temps d'examiner la preuve que le coroner Sansfaçon a cru bon de remettre l'enquête.

La famille Villanueva satisfaite

La famille Villanueva, qui a menacé de boycotter l'enquête il y a quelques jours, a accueilli la nouvelle positivement.

«C'est un bon début. Nous voulions plus de temps, il nous faut maintenant plus d'argent», a lancé Patricia Villanueva en marge d'un point de presse organisé hier matin par la Coalition contre la répression et les abus policiers (CRAP).

L'organisme et la famille Villanueva dénoncent le refus du ministère de la Sécurité publique de payer les honoraires des avocats de Denis Méas et Jeffrey Sagor Métellus, également blessés lors de l'intervention policière. Ils estiment aussi que six juristes sont nécessaires pour assister les trois familles et les deux autres témoins. Les Villanueva ont un avocat, rémunéré à titre «d'accompagnateur» dans le processus de l'enquête publique.

Le CRAP entend porter plainte auprès du ministère de la Sécurité publique à ce sujet. Une manifestation est également prévue cet après-midi à Montréal-Nord.

«Nous avons appris que les intérêts policiers seront défendus par une équipe de six policiers, alors que les Villanueva n'auront qu'une seule personne chargée de les soutenir plutôt que de défendre leurs intérêts juridiques», a affirmé Alexandre Popovic, porte-parole du CRAP. «Il s'agit d'un déséquilibre flagrant. Le ministère de la Sécurité publique doit se saisir des frais juridiques des victimes.»

De son côté, l'attachée de presse du ministre Jacques Dupuis, Sarah Pilote-Henry, a réitéré qu'un seul avocat serait rémunéré.