Le motard Paul Fontaine passera les 25 prochaines années derrière les barreaux. Onze ans après avoir criblé de balles deux gardiens de prison, il a été reconnu coupable hier à Montréal de tentative de meurtre et de meurtre prémédité.

Vêtu d'une chemise claire, les cheveux coupés court et rasé de près, l'ex-membre des Hells Angels a encaissé le jugement sans broncher. Les plaidoiries sur la peine à lui infliger pour la tentative de meurtre contre Robert Corriveau auront lieu plus tard, mais l'assassinat du gardien de prison Pierre Rondeau lui vaut déjà 25 ans de prison ferme, sans possibilité de libération conditionnelle.

 

Le jury ne semble donc pas avoir été sensible aux attaques menées par la défense contre la crédibilité du principal témoin à charge, Stéphane Gagné. Ce dernier, ancien membre des Hells, s'est retourné contre l'organisation criminelle après son arrestation pour le meurtre des agents des services correctionnels Pierre Rondeau et Diane Lavigne, en juin 2007.

Hier, le procureur de la Couronne Randall Richmond s'est réjoui de ce que le jury n'a pas mis en doute les propos de Stéphane Gagné. «Il a maintenu sa position durant 13 jours de contre-interrogatoire, et 84 autres témoins sont venus confirmer son témoignage sur différents éléments», a-t-il relevé au sortir de la cour.

Il a remercié les jurés de leur travail au nom de la famille des victimes. «Nous leurs sommes très reconnaissants», a-t-il insisté.

Des courriels compromettent le procès

Les 12 jurés ont rendu leur jugement très attendu à midi, au terme de six jours de délibérations et d'un procès long de quatre mois qui a failli être annulé trois fois plutôt qu'une.

La dernière demande d'avortement du procès a été formulée quelques minutes à peine avant que le jury ne dévoile son verdict. L'avocate de Paul Fontaine, Me Carole Beaucage, a fait cette requête après avoir appris qu'un juré avait communiqué personnellement avec l'un des constables spéciaux chargés de sa surveillance.

L'agent a confirmé hier sous serment qu'il avait acheté avec l'un des membres du jury des billets de loterie et qu'il lui avait envoyé ensuite un courriel avec la liste des numéros gagnants. Puisque cet échange a eu lieu avant le début des délibérations et ne portait pas sur le procès en cours, le juge Marc David a estimé que le travail des jurés n'avait pas été compromis.

Me Beaucage n'a pas répondu aux questions des journalistes, hier. La défense a 30 jours pour porter la décision en appel.

Pierre Rondeau et Robert Corriveau ont été criblés de balles le matin du 8 septembre 1997 alors qu'ils se rendaient chercher des détenus au centre de détention de Rivière-des-Praires.