Les autocollants et sacs à l'image d'Igor, le petit gorille des gâteaux de Saputo, distribués dans les garderies, étaient bel et bien destinés aux petits. Le géant de l'agroalimentaire québécois s'est déclaré coupable d'avoir fait de la publicité directement aux enfants de moins de 13 ans, hier matin au palais de justice de Saint-Jérôme.

C'est un revirement de situation puisque Saputo avait nié avoir voulu atteindre directement les enfants en distribuant ses petits gâteaux dans 230 CPE, en 2007. Il prétendait que son offensive publicitaire était plutôt destinée aux parents des petits. Les gâteaux distribués étaient aussi accompagnés de matériel promotionnel comprenant des livres dont le héros était Igor, ainsi que des autocollants, toujours à l'image du sympathique gorille.

 

«C'est une victoire parce que ça va faire école», s'est réjouie hier Suzie Pellerin, présidente de la Coalition sur la problématique du poids qui avait porté plainte, conjointement avec l'Union des consommateurs du Québec, contre l'offensive de Saputo. «Des études ont clairement démontré qu'il y a des liens entre la publicité servie aux enfants et les problèmes d'obésité», explique-t-elle.

La Coalition a aussi déposé des plaintes auprès de l'Office de la protection du consommateur du Québec (OPC) contre quatre autres entreprises en alimentation. Trois ont été retenues. Une première contre McDonald's qui commanditait le cinéma pour enfants présenté à Télé-Québec durant le temps des Fêtes. Une deuxième contre Burger King qui offrait des petits jouets en promotion. La troisième contre General Mills pour un site internet de jeux aux couleurs de ses céréales à déjeuner Lucky Charms. Toutes les entreprises en cause ont plaidé non coupable, mais on ne connaît pas encore les dates des comparutions. La plainte rejetée concernait un concours de dessin lancé par l'entremise des boîtes de bonbons Smarties.

Dans le cas de Saputo, l'OPC avait déposé 30 chefs d'accusation contre le fabricant de fromage et de gâteaux. L'entreprise a finalement reconnu sa culpabilité pour 22 des infractions reprochées, les autres causes ont été annulées d'un commun accord. L'entreprise doit payer 44 000$ en amendes. L'OPC a aussi retenu les plaintes contre l'agence responsable de cette campagne de publicité. L'agence ignorait hier que Saputo plaiderait coupable. La direction prend quelques jours pour réviser sa position.

Quant à Igor, il a connu une fin plutôt malheureuse puisque Saputo a retiré le produit de sa gamme de boulangerie.